Bien sûr
il faut encore faire le plein de fioul, les courses alimentaires, et les
formalités de sortie, ce qui nous prendrait maximum deux jours, mais le vent
tourne déjà ce soir et ce sera encore pire lundi, jour où nous pourrions être
fin prêts au départ. Alors nous verrons bien à quelle sauce nous nous
mangerons.
Nous
avons abandonné l’idée d’aller visiter les chutes d’Iguatsu car vraiment trop
lointaines, mais n’excluons pas une petite incursion dans le delta, soit avec
le bateau (le problème c’est le tirant d’eau), soit avec l’annexe (le
problème c’est la pluie qui s’annonce).
Une
chose est sure, la patience ne fait pas partie de mes qualités
premières ! C’est un terrain sur lequel Gab me bat à plate couture
(sauf en ce qui concerne les douaniers), et comme du haut de mes cinquante-deux
ans j’ai quand même acquis un poil de sagesse, je m’en remets à son
jugement.
C’est
farci de beaux oiseaux ici, mais ils sont farouches et je n’arrive pas à
les photographier quand ils se posent sur le pont ou le gréement.
Dimanche
29 septembre. Ca y est, le départ se rapproche ! Le plein
de fioul est fait, reste le plein d’eau, les formalités de sortie et les
courses. Malheureusement, il pleut à torrent ce matin et même moi, qui suis
pressé de bouger, n’ai aucune envie de sortir du bateau pour aller me faire
tremper ! Il semblerait qu’une petite fenêtre météo se dessine à l’horizon
pour tenter une sortie du delta entre lundi et mercredi. Après, ça sera du vent
contraire jusqu’à dimanche prochain au moins. J’espère que d’ici là nous serons
loin et aurons gagné du nord pour trouver un peu plus de chaleur.
Sinon hier soir j’ai quand même réussi à faire des
grillades avec les 6 francophones que nous sommes à la marina. On commence un
peu à se sentir chez soi ici. La marina fait patrie d’un grand club avec plein
d’activités sportives (tennis, foot, piscine, rugby, hockey sur gazon, aviron
et j’en passe). Il y a des parcs, des restos et des barbecues un peu partout.
On a presque envie de devenir membre du club, mais ce n’est pas bon pour celui
qui veut bouger car il risque de rester scotché ici !
Mardi
1 octobre. Hier, journée de m…. !
On s’était pourtant bien organisé avec Gab, pour
pouvoir partir dans la journée et avec la marée haute. Lui devait faire les
formalités de sortie (chose à laquelle un capitaine est normalement habilité)
et moi, je devais partir récupérer quelques sous que le réparateur de voiles
nous devait. Chose que je me suis empressé de faire, puisque j’ai claqué tous
mes euros en liquide et pas encore acheté des cigarettes qui seront plus chères
ailleurs qu’en Argentine.
Une fois mes emplettes faites (il m’a fallu faire au
moins 6 bureaux de tabac avant d’avoir ma dose pour le voyage), je pédale comme
un fou pour rejoindre Gab au bateau pour partir. Malheureusement, je le croise
en ville avec de mauvaises nouvelles : Il n’a pas pu faire la sortie,
parce que ces chers officiers de douane tenaient absolument à voir ma
gueule !
Comme nous sommes fatigués de pédaler tous les deux,
nous décidons d’abord de boire un coup et ensuite de faire la vidange du moteur
de Corcovado qui en avait de toute façon besoin. Vidange faite, c’est l’heure
de manger. Allez, un dernier bon repas au resto et nous repartons à l’assaut
des autorités.
L’immigration, ça se passe bien, la douane, ça
commence à faire un peu long mais ça se fait quand même, la préfecture maritime
ça ne le fait plus du tout ! On a beau palabrer pendant une demi-heure,
ils ne veulent pas nous faire notre fichu papier, car le bateau est à San
Fernando et que là on est à la préfecture de Tigre ! Pourtant, ils nous
ont bien fait le papier d’entrée ces couillons !
Bref, rien à faire nous sommes quittes pour pédaler
jusqu’à la préfecture de San Fernando. Là-bas, ça le fait encore moins, car ils
veulent inspecter le bateau concernant les équipements de sécurité ! Ils
nous font poireauter une heure avant qu’il n’y ait un mec
« compétent » qui s’y pointe pour partir en voiture au bateau.
L’inspection se passe heureusement bien (de toute façon le mec n’y entend que
dalle à la navigation) et le Gab a su se contenir. A part ça, il est quand même
6 heures du soir et la marée haute est passée depuis belle lurette ! On
est bon pour passer une nuit de plus à la marina ! Alors on se fait encore
une bonne dernière bouffe, cette fois-ci, sur le bateau des copains, en se
jurant de partir à l’aube le lendemain.
Chose dite, chose faite ! Nous nous levons même
une heure trop tôt, car il vaut mieux attendre le levé du jour pour sortir avec
toutes les bouées et bancs de vase qui nous attendent à la sortie.
Il fait froid et il y a une brume très épaisse
(tellement épaisse qu’on se paye une bouée – à part une petite rayure sur la
peinture du Corcovado, pas d’autres dégâts), mais nous réussissons quand même à passer avec angoisse les haut
fonds sur lesquels nous étions restés tanqués à l’aller (parfois avec moins de 10 cm d’eau sous la
quille) !
Tellement contents d’être sortis de là, nous mettons
toute la toile (grande voile, artimon, génois et, puisque on a envie de
s’amuser, le spi) ! Il faut dire qu’il y a très peu de vent et que la mer
et calme. Au bout de 2 heures, nous sommes même obligés de remettre le moteur,
car on avance qu’à 4 nœuds sans. Mais ça ne fait rien, je suis enfin sur mon
élément !
A midi, je me suis fait mon premier repas de
marin : une boite de Sardines avec de oignons crus et de la sauce
piquante. Croyiez moi, ça valait tous les repas au resto réunis ! A
l’heure que je vous parle, même le soleil fait son apparition.
Sinon, pour te situer, cher lecteur, nous faisons
cap vers Montevideo et peut être au-delà, si le cœur nous en dit, car pour le
moment, on fait de l’est-sud-est pour sortir de l’embouchure du Rio de la
Plata, et ce qu’on veut, c’est gagner du nooooord pour avoir plus chaud !
Et du nord, on pourra en prendre qu’après Montevideo. Autre argument en
défaveur de la capitale uruguayenne est le fait que nous n’étions pas tout à
fait en règle lors de notre dernier passage dans ce pays et, encore quelque peu
échaudés par notre expérience d’hier, nous aimerions nous passer des formalités
administratives, en accostant que tout à fait au nord du pays, près de la
frontière brésilienne, là où il n’y a plus de bureaucrates. Nous verrons bien.
Jusqu’à Montevideo, il y a encore 10 heures de nav (Heure d’arrivée
prévue, si tout va bien : 2h du matin). Jusqu’à la frontière brésilienne,
il y a environ 24h de plus, si le vent ne forcit pas un peu. De plus, il faudra
faire des quarts, car en longeant la côte, on croise pas mal de bateaux,
bouées, haut fonds et autres obstacles de toute sorte.
Voilà, les dernières nouvelles (c’est fou ce qu’on a
le temps d’écrire en navigant) !
Le soleil est vraiment sorti, je m’en vais enlever
mes chaussettes de ski et essayer le matériel de pêche à la traine du
Gab.
El capitan sur le pont en train de déguster son premier coucher de soleil
en mer depuis … un certain temps
|
Mercredi
2 octobre. Finalement nous optons pour une solution
intermédiaire entre la frontière brésilienne et Montevideo, et nous nous
arretons dans le petit port de Piriapolis (et oui, c’est en Urugay) à 8h du
matin, parce que il n’y a vraiment plus de vent. Mal nous en prend pour
plusieurs raisons :
Premièrement la douane et tout le reste, ça existe
aussi ici ... Ils sont plus sympas, mais c’est payant et ça prend quand même du
temps.
Deuxièmement parce que c’est une station balnéaire
et qu’on est en hiver ! Carnon au mois de janvier quoi !
Pour vous dire, on a du mal à trouver un bistrot
ouvert avec une connexion WIFI en plus, pour vous envoyer la présente missive.
Bref, dès que le vent le permettra on se tire de là et ça a intérêt à être
bientôt, sinon je pète un plomb !
Toto devant la seule bâtisse de Piriapolis quelque peu remarquable. Le reste, c’est genre Costa Brava, en pire |
Le Corcovado devant les plages de sable blanc très fin et
enfin sous le soleil !
Laissons-leur au moins ça à Piriapolis, on est en
T-shirt sur la terrasse d’un café en train de vous écrire ...
Finalement vous avancez assez vite. Dites bonjour à Gwendal de notre part si vous le croisez. Bonne nav.
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