mardi 22 octobre 2013

Pelotas, où le Corco pourra se pelotonner en attendant des vents meilleurs


Lundi 21 octobre. Je ne pensais plus écrire, étant certain que le voyage du Corcovado allait s’arrêter, provisoirement en tout cas, à Rio Grande, mais les choses se sont passées différemment; ça c’est le bon coté du voyage, tu ne sais jamais de quoi demain sera fait.

Hier nous attendions toujours des nouvelles du Yacht Club par l’intermédiaire de notre cher Monsieur le directeur du musée océanographique, qui nous conjurait de ne pas chercher un autre gardiennage dans la lagune, sous prétexte que c’était trop dangereux, tant au niveau navigation (c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de fond), qu’au niveau du vol. Nous avions donc décidé de ne faire qu’un petit tour touristique avec le Corcovado, histoire de nous distraire un peu. Mais quand notre ami directeur, que nous avions invité à nous accompagner, refusa, car nous disait-il, il se rendait à Rio de Janeiro pour deux jours, nous avons pété un plomb et sommes partis en direction de Pelotas, grande ville à l’intérieur de la lagune pour chercher un abri pour le Corcovado.

La navigation était sympa, bien qu’il n’ y ait qu’un chenal étroit bordé de hauts-fonds, mais il faisait grand beau, avec du vent comme il faut. Arrivés non loin de Pelotas, à l’abri dans un bras de rivière, nous jetons l’ancre pour manger un bout et faire la sieste. Coin super tranquille avec pas mal d’autres bateaux qui, le nez planté dans les roseaux en bord de rivière, font pareil que nous. Après la sieste, continuation de la visite touristique et recherche d’un abri. Nous nous engageons dans un bras de rivière et tombons au bout de quelques minutes de nav sur un bateau que nous avions vu à Rio Grande et avec lequel nous avions fait route vers Pelotas en échangeant de grands bonjours et en étant mitraillés par les appareils photos. Il est vrai que le Corcovado fait sensation ici. Des voiliers de voyage, ils ne doivent pas en rencontrer souvent, de plus un deux mats, tu parles !!! 

Un gars à bord de notre voilier ami nous dit qu’il y a effectivement une marina au fond de la rivière et qu’il y a assez de fond et de la place pour nous. Il a un flair incroyable, ce Gab !

Nous remontons donc le bras de rivière sur un bon nombre de miles et trouvons une mini-marina toute mignonne cachée dans la verdure luxuriante. Nous ne nous arrêtons pourtant pas, car la journée n’est pas encore terminée, le paysage est beau et la rivière grouille de petites embarcations de tout genre, notamment de bateaux moteurs, faisant faire du ski nautique à de jeunes filles en maillot brésilien, ce qui fait un très bel effet quand ça sort les fesses de l’eau ! Au bout d’encore un mile ou deux, un pont nous barre le passage. Nous faisons demi-tour et nous nous trouvons nez à nez avec 2 voiliers qui croyaient qu’on avait raté la marina et nous y escortent. Que les nouvelles vont vite et quel accueil !

Arrivés à la marina, déjà on nous attend pour amarrer le bateau ! Ceci étant fait, c’est grande discussion avec les véléros du coin qui viennent admirer le Corcovado et pot de bienvenu offert par nos soins. Les bières transportées à dos d’homme à Rio Grande y passent. Faut dire qu’elle est beaucoup moins clinquante, leur  marina que celle de Rio Grande, sans piscine, mais surtout sans bar! Le président du club arrive et nous nous mettons d’accord sur un prix correct pour le gardiennage du Corcovado.  Après la chute vertigineuse du moral des troupes à Rio Grande, ce fut une formidable journée.

vendredi 18 octobre 2013

No passaran


Vendredi, 18 octobre. Hier, à part aller accoster au centre ville pour faire le plein de fioul, et manger au Yacht Club, nous n’avons pas fait grand-chose.

Quel attroupement ça n’a pas fait quand même, quand on s’est mis à quai non loin de la station d’essence ! On aurait dit que c’était la première fois qu’ils voyaient un voilier de voyage ici ! Tout le monde voulait savoir d’où on venait, où on allait, etc… Il y a même un flic avec mitraillette qui s’est pointé, et nous nous sommes dit que ce coup ci, on est bon, (parce que nous n’avons toujours pas fait les formalités d’entrée au pays), mais après quelques minutes de discussion, tout ce qu’il a fait, c’est de nous souhaiter bon voyage. Vraiment très gentils les gens d’ici.

Le plein à coup de fûts de 200 litres fait, nous retournons au ponton du musée et allons manger au Yacht Club (bonne connexion internet, qui permet entre autre de prendre des fichiers météo détaillés).

Résultat : Eole est décidément contre nous et ça pour un bon moment ! On a beau chercher des routes en zig-zag pour éviter ce fichu vent de nord-est, on aura du mal à passer et, si on tente, ça sera la galère. Il faudra quasiment aller jusqu’en Afrique du sud pour chopper des vents portants, ce qui nous double la route...

Alors, après des heures de discussion et d’hésitation, la décision est prise, nous abandonnons ! Gros coup au moral de l’équipage du Corcovado ! Nous passons le restant de la soirée à chercher des billets d’avion pas chers et pas trop loin dans le temps, sûrement pour nous réconforter avec l’idée qu’au lieu de traverser, nous reverrons nos familles bientôt. Et de boire la bouteille de rhum qui était originellement prévue pour la traversée, mais dont nous n’avons plus besoin.

Aujourd’hui, ça sera donc journée paperasse, car si nous voulons prendre l’avion, il faudra bien qu’on ait fait notre entrée au Brésil à un moment donné. Il faut également qu’on aille au Yacht club pour voir si on peut y laisser le Corcovado et combien ça coûte.

En attendant des vents favorables


Mardi 15 octobre : Petit tour en ville, qui est quand même beaucoup plus animée en semaine, bricolage sur le bateau, et visite du musée de notre hôte.

Mercredi 16 octobre : Journée touristique et de bonne humeur, car nous pensons avoir trouvé une fenêtre météo pour traverser. Tous les matins, Gab s’installe en bas du bureau de notre aimable directeur pour capter la Wifi et des bulletins météo. Donc aux dernières nouvelles, on pourrait partir vendredi en faisant du plein est, traverser un front de vent du nord au moteur et ensuite chopper enfin du vent du sud. C’est loin d’être la route la plus directe, mais c’est tout ce qui se présente. Ayant pris la décision de tenter le coup, nous nous disons quand même qu’il faut visiter un peu les alentours avant de partir. Nous prenons donc l’annexe et nous nous dirigeons vers l’île maraîchère. En fait, il y a une grande île dans la lagune, juste en face de Rio Grande, qui sert de jardin potager à la ville. Toute la journée, de petits bateaux font l’aller retour, chargés de légumes.

Arrivée à l’île maraîchère

Cormoran se faisant sécher les ailes ... ou digérant avec l'aide du soleil ?
Après 10 minutes de traversée, nous mettons pied sur l’île et constatons que ça doit être assez grand, car il y a même des bus. Nous décidons de faire un tour à pied, inspecter les nombreuses cultures. Il y a effectivement de tout : de l’oignon à la banane en passant par les fleurs.
Petite maison sympathique sur l’île maraîchère

Nous trouvons un petit chemin qui mène en haut des dunes de sable superfin au milieu de l’île, et découvrons une deuxième lagune à l’intérieur de l’île. C’est rigolo et joli.
Toto dans les bambous sur le chemin des dunes

Gab, scrutant la lagune

Toto scrutant l’appareil photo

Bon, nous n’en avons pas fait le tour complet, parce que les fruits et légumes, ça va un moment…
Nous sommes donc retournés à Rio Grande, directement au Yacht Club pour manger un morceau. C’est là que nous avons découvert le secret des formes plus qu’opulentes des Brésiliennes (et des Brésiliens d’ailleurs) :  Le buffet au kilo ! Tu prends ce que tu veux, autant de fois que tu veux, et tu fais peser ton assiette. Le dessert dont tu prends autant de fois ce que tu veux, est offert, tout comme le café. On s’en est mis une bonne plâtrée, d’autant plus que c’était bon, et, en prévision de la traversée. Après cet encas frugal, sieste obligatoire !

Dans l’après-midi, petit tour en ville pour refaire des emplettes pour la traversée. Il nous manque une gaffe pour hisser le gros poisson que je vais pêcher à bord, et il nous manque surtout la bière. Nous en avions achetées en Uruguay, pensant en avoir assez pour traverser, en fait, elles ont juste tenues jusqu’au Brésil !

Quelques photos à l'arrivée à Rio Grande :





Dans les rues de Rio Grande. Eh oui, les chevaux en pleine ville, ça existe encore au Brésil, et ce n’est pas pour amuser le touriste !






La prefectura de Rio Grande ?

Et quelques photos de maisons typiques de Rio Grande. Le tout est dans la façade ! En fait, elles sont en briques enduites, certaines sont plus ou moins défraîchies, certaines peintes de couleurs vives.







Nous cherchons également une station d’essence pour refaire le plein de fuel avant de partir. Nous en trouvons une, pas trop loin de la lagune, mais aucune sur un quai. Pas de problème, le système B(razil), ils connaissent ! 4 roues sous le fut de 200 litres, un cheval devant, et le fuel arrive sur le quai. Rassurés, nous retournons au bateau, le sac à dos remplis de bières et de quoi fabriquer une gaffe. Dans la soirée, petite déception quand même, la météo a encore changé, et notre départ est retardé au lundi 21. D’ici là, ça peut encore changer. Nous verrons bien comment nous nous occuperons les jours suivants. Une visite approfondie de la lagune s’impose.

Pécheur sur la lagune (entre le musée océanographique et l’île maraîchère)

Libération d’oiseau soigné à l’infirmerie du musée océanographique

Héron qui vient tous les soirs voir s’il n’y a pas quelque chose à grappiller sur le bateau
   

mardi 15 octobre 2013

Premiers pas au Brésil


Samedi,12 octobre. Bien que ce soit une journée en mer, avec pas grand-chose qui se passe (pas de poisson péché, pas de passage à eau - je ne vais pas vous faire le coup tous les jours quand même, mes affaires n'ont toujours pas séchées d'ailleurs), j'écris quand même car ça fait passer le temps.

Je suis toujours debout sur l'escalier de la descente, mais comme c'est calme plat, c'est moins inconfortable. Eh oui, le vent est complètement tombé, et nous avançons de nouveau au moteur. Le soleil n'a pas réussi à percer de la journée et en ce moment, c'est à dire 3h de l'après-midi, il y a une purée de poix qui s'est installée, et qui n'a rien a envier aux meilleurs films d'épouvante.
On s'attend à tout moment à voir surgir le Hollandais volant sur son vaisseau fantôme à 10 brasses devant nous, car on ne voit pas plus loin ! C'est la raison pour laquelle je suis installé derrière l'ordi de nav, car par-dessus, je vois l'avant du bateau et quelques mètres plus loin, pendant que Gab, visiblement beaucoup moins inquiet du Hollandais volant, fait la sieste dans sa cabine. On va arriver au Brésil à la nuit tombée et avec du brouillard, va falloir faire gaffe...

En attendant de voir et de vous donner à voir les paysages du Brésil, une petite photo de dentisterie sauvage sur un chantier naval à Buenos  Aires. 



En fait il s'agissait juste de diagnostiquer une future rage de dent chez un copain qui descendait dans le grand sud, et de lui conseiller de la faire dévitaliser avant son départ.
Rassurez vous, vu l'équipement dont je dispose, je ne suis pas allé jusqu'à faire ça moi-même !


Dimanche 13 et lundi14 octobre. Heureusement qu'on a fait gaffe, car à la place du Hollandais volant, on a vu surgir le Brésilien saoul ! A l'entrée du chenal qui mène dans la lagune et à la ville de Rio Grande, un bateau (on pense même que c'était un bateau militaire) nous a foncé droit dessus ! Nous avons évité à droite, comme c'est la règle, et lui à gauche ! Heureusement que le Gab a de bons reflexes et a reviré à gauche au dernier moment, sinon c'était la collision quasi frontale ! Ce qu'on a pas compris, c'est que le bateau sortait de la lagune et après nous avoir fait son coup de cochon, a viré à 180° en frôlant la digue du chenal, et nous a suivi pendant un bon quart d'heure. Du coup, on pensait vraiment avoir à faire à des pirates ! Mais, bon au bout d'un quart d'heure, il nous a quittés, et nous, on s'est mis à l'ancre dans un coin tranquille. Fin de la veille ...

Le lendemain, toujours purée de poix, pire que la veille. Nous déjeunons tranquilles et ça se lève un peu, en tout cas suffisamment pour qu'on puisse envisager une entrée dans la lagune. Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de fond et un grand port industriel avec un chenal dragué assez étroit et beaucoup de gros bateaux.
L'approche se passe bien et le soleil commence à faire son apparition. Nous longeons le port industriel jusqu'à la ville de Rio Grande où nous trouvons le Yacht Club devant lequel nous jetons l'ancre. Le temps de mettre les housses de voiles, il y a un mec qui nous appelle d'un ponton voisin et on se dit que les emmerdes administratives commencent. Je mets l'annexe à l'eau pour voir ce  qu'il nous veut. Heureuse surprise, c'est le directeur du musée océanographique, jouxtant le Yacht Club, qui nous invite à nous mettre à quai devant le musée, et gratuitement en plus ! 


Après le repas de midi et une bonne sieste, suivant son invitation, nous nous mettons à quai et faisons le tour du parc du musée. C'est assez sympa, il y a même un centre de soins pour animaux marins, payé par Petrobras (vu le nombre qu'ils intoxiquent, ils peuvent bien en soigner 2 ou 3), et c'est surtout archisécurisé avec des gardes armés de partout. Nous qui avions peur de la fauche au Brésil, nous voilà rassurés.

Plus rien ne s'oppose desormais à un petit tour en ville. Elle n'est pas belle mais rigolote quand même, avec ses blocs de béton modernes et des constructions plus anciennes que je qualifierais de néoclassiques portuguais, toutes peintes de couleurs vives, plus ou moins défraichies. Malheureusement c'est dimanche et tout est fermé. Au bout d'un moment, nous tombons sur une bande de musicos-alcoolos à laquelle nous demandons un bar ouvert pour au moins boire une bière.

Enchantés ils nous accompagnent, à condition de leur payer un coup, bien sur. Ils ont tous le type brésilien, sauf un, blond aux yeux bleus. Baumgartner (prononcé à la brésilienne, c'est encore plus rigolo qu'à la française), il s'appelle, et c'est son grand-père qui a migré au Brésil (on se demande pourquoi). Par contre il ne parle pas un mot d'allemand ni d'anglais, ni d'espagnol, tout comme ses compères (ach, il aurait du garder les coutumes), et la discussion tourne rapidement court. Nous laissons donc nos amis à leur alcoolisme et continuons notre chemin pour trouver un endroit avec Wifi pour communiquer avec la France et l'Allemagne, pays où on nous comprend mieux, et surtout pour prendre des nouvelles de la météo marine.

Pour ce qui est de la météo il y a toujours un anticyclone au milieu de l'Atlantique, qui nous envoie du vent de nord-est nous barrant la route vers le Cap vert. Nous rentrons au bateau un peu déçus. Chemin faisant, nous croisons notre directeur de musée qui nous invite chez lui. En fait, il habite au musée, et son bureau, c'est son salon.

Personnage intéressant, il parle couramment l'anglais, a passé 2 ans à travailler au Senkenbergmuseum de Francfort, ce qui nous rapproche pas mal, et était responsable de la base de recherche du Brésil en Antarctique jusqu'à ce qu'elle ne brule il y a 2 ans. Nous passons un bon moment à discuter, après c'est repas et dodo à bord.

Mardi, 15 octobre. Jour férié, devinez pourquoi ! Si je vous dis 1492, ça vous aide ? Bien sur, la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb ! Donc il y a de nouveau rien qui se passe en ville et Gab, comme à chaque fois qu'il n'y a rien à faire, se met à bricoler sur le bateau avant même d'avoir fini son café du petit dej.

Ca nous prend bien bon toute la matinée et nous n'avons pas fini lorsque les anglais, seuls visiteurs à part nous, sur un ponton à coté débarquent. C'est un coulpe so british, d'une soixantaine d'années avec une histoire passionnante, tellement passionnante, que ça nous prend tout l'après-midi et toutes nos bières. Ok, ils ont cassé la baume de leur grande voile la nuit précédente en navigation, mais ça, ça arrive à d'autres, mais il ont également navigué dans l'océan indien, aux Sechelles, ou ils ont été pris en otage par des pirates somaliens pendant 13 mois... Ils en ont même écrit un bouquin
Incroyable, les gens qu'on peut rencontrer en traînant sur les pontons !

Comme Gab n'est pas très à l'aise en anglais, nous ne les avons quand même pas gardé pour manger le soir, déjà qu'ils nous avaient sifflé toutes nos bières. Alors, on fini nos bricoles, un bon repas et redodo...

samedi 12 octobre 2013

Nouvelle tentative pour quitter Cabo Polonio...


Vendredi, 11 octobre. Après une soirée bien arrosée (nous étions contents de tomber et sur un couple de touristes français et sur un bar vraiment excellent, tenu par un pirate aveugle), nous avons enfin réussi à nous extraire de Cabo Polonio, sans, auparavant, avoir invité nos amis touristes à manger à bord à midi. De toute façon, on ne pouvait pas partir bien avant, car c'était la pétole et parce qu'il fallait récupérer une pièce du Corcovado, que nous avions donnée à souder, à 11h, au camion qui sert de liaison entre Cabo Polonio et le reste de Uruguay. Qui, ledit camion, s'est ensablé sur la plage, non loin du bateau d'ailleurs, et avait donc pris un certain retard.
Le repas avec nos amis les touristes n'a pas duré longtemps non plus. Bien sur, ils étaient enchantés par les otaries qui jouaient autour du bateau, mais la nana avait le mal de mer et a commencé à vomir son rhum de la veille avant même d'être passée à table !

Désolé, récit du fameux repas de midi interrompu par une petite manœuvre nocturne.


Le spi, que nous avions décidé de garder pour la nuit s'est mis à refuser, car ce fichu vent est encore en train de tourner. On était pourtant bien tranquille avec un petit vent de ¾ arrière. Maintenant, il est à 60 degrés (du bon près) et je sens qu'on va finir la nuit au près serré, ou pire, au moteur avec du vent de face ! Bref, il a fallu descendre le spi et sortir la trinquette et le génois. Du coup, on gîte pas mal et comme je suis debout sur l'escalier de descente dans le carré pour vous écrire sur l'ordi qui sert également à la navigation, ce n'est pas très confortable. L'article de ce soir ne sera donc pas bien long. De toute manière, j'ai bientôt fini.

Après le repas rapide, Gab a ramené nos Français à terre pendant que je rangeais le bateau. Nous avons monté l'annexe et mis les voiles en direction du Brésil, car le vent nous empêche toujours de viser l'Ascension ou le Cap Vert. Nous en aurons pour à peu près 2 jours de nav, si toutefois Eole ne nous joue pas encore des tours.

jeudi 10 octobre 2013

Scooooooop


Mercredi 9 octobre. Merde, Merde et Remerde ! Désolé ça descend en dessous de la ceinture mais il y a de quoi. Tout d'abord, hier soir en rentrant du seul resto ouvert du blaid, nous sommes évidemment obligés d'emprunter l'annexe pour rentrer au bateau. La plage est en pente douce, avec quelques bancs de sable devant, donc nous avons déjà prévu le coup et enlevé les pantalons et les chaussures pour pouvoir pousser l'annexe suffisamment loin dans l'eau, sans mouiller nos précieux habits. Manque de bol au moment ou nous pensons être assez loin (les rouleaux commencent à nous mouiller les - juste en dessous de la ceinture), nous montons dans l'annexe, et c'est pile poil au moment où je suis debout dedans en essayant d'attraper une rame, qu'il y a un gros rouleau qui casse devant nous, nous met l'annexe de travers et me fait passer à l'eau avec tout ce que j'ai sur le dos, c'est à dire, mon dernier pantalon tout propre que je viens de sortir de ma valise en l'honneur de notre soirée de départ du Cabo Polonio et tout le reste. Résultat, je n'ai plus de pantalon sec : Première merde quand on sait que par les températures et l'humidité qui courent par ici, je n'ai pas encore réussi à faire sécher quoi que ce soit.

Bonne patte que je suis, je me dis que c'est pas bien grave, que ça a au moins le mérite de faire rire le Gab, qui lui, a réussi à ne pas passer à l'eau, et peut-être toi cher lecteur, assis bien au chaud devant ton ordinateur (enfoiré !).

Le lendemain donc Grand départ ! Allez, je vous le dis, puisque Gab (petit joueur) a vendu déjà la mèche par e-mail à ses filles et à sa douce, en fait nous comptons traverser ! Eh oui, l'appel du large et plus fort que l'appel des brésiliennes et tout machos que nous sommes, en ayant tous les défauts de la terre que les féministes veulent bien nous trouver, nous aimerions nous rapprocher de nos familles.

Nous montons l'annexe sur le pont, la sanglons bien, arrimons bien l'ancre, bref préparons le Corcovado pour une grande traversée océanique, et c'est le départ. Le vent est pile poil, mais on ne peut plus pile poil face à notre route, mais pas trop fort, alors on se dit pendant une heure qu'en serrant au près et en serrant les dents (car ce n'est pas une allure agréable ni pour le bateau, ni pour ses occupants), que ça va passer, mais force nous est de constater que nous n'arrivons qu'à faire de l'est sud est, autrement dit, de descendre tranquillement vers l'Antarctique !

Au moins, si nous arrivions à faire du plein est, nous aurions une chance de frôler le Cap de Bonne Espérance ! Comme nous sommes encore dans l'euphorie du départ, nous nous disons qu'avec un petit virement de bord on arrivera quand même à faire du plein nord, et à défaut de familles, puisque Eole en a décidé ainsi, à nous les petites brésiliennes !

La non plus, ça ne le fait pas. Le vent forcit et même en nous appuyant au moteur et en forçant le pauvre Corcovado au plus près qu'il peut, le vent nous rejette à la cote. Alors, au bout de 3 heures de vains efforts et de je ne sais combien de gallons de fuel consommés (et Eole sait que nous en aurons besoin pour traverser le potonoir), la décision est prise, nous faisons demi-tour ! Grosse déception, qui lui vaut le statut de deuxième merde.

L'abri le plus proche, c'est Cabo Polonio - super !

Attendez, ce n'est pas fini ! En faisant notre demi tour (un peu trop serré) une des lignes de traîne -optimiste infatigable que je suis, j'espère toujours rembourser mes lunettes - se prend dans l'éolienne. Pour la défaire, je monte sur l'échelle à l'arrière du bateau qui est évidemment remontée, et tient par un petit bout -qui lâche ! Remerde !!!

J'ai juste le temps d'attraper un bout qui traîne par là, avant de m'enfoncer dans l'eau. Je le serre tellement fort, car je sens quelque part que ma vie en dépend (on est plein vent arrière avec 4 voiles dehors, le temps que le Gab, bien qu'en étant bon marin, fasse demi-tour, j'aurai le temps de boire quelques tasses dans une eau à 11 °C), que je m'en casse un doigt !
Bon, j'arrive donc à me hisser à bord (ce coups ci, je n'ai vraiment plus rien de sec et le Gab n'a pas ri) et nous rentrons à Cabo Polonio, sans avoir eu la moindre touche.

Bilan de la journée : Un rond (pas tout à fait parfait) dans l'eau, 40 l de fioul gaspillés, 0 poisson péché, 1 doigt cassé et surtout 0 miles gagnés ! Peut et doit mieux faire !

Morale de l'histoire : Ne pas lutter contre les éléments, ils sont de toute façon plus forts que toi ...
Leçon de la journée : Apprendre la patience ; Croire les bulletins météo (ils nous avaient bien annoncé des vents contraires)

Leitmotiv de la journée : N'écoute pas tes envies, écoute la météo !                                                     

Et le proverbe du jour: Si Eole t'envoie au pole, reste à Cabo Polonio !

mercredi 9 octobre 2013

CAP AU NORD ...

Samedi 5 octobre : Aujourd'hui, la journée a mal commencé, à tel point que j'ai fait attention de ne pas passer à la baille toute la journée ! Tout d'abord, en me levant, je vois passer des otaries barbues (eh, oui c'est comme ça qu'on les appelle), mieux connues sous le nom de Lion des mers … Elles passent tout près du bateau, et comme je n'ai pas encore réussi à les prendre en photo, je me précipite sur le pont pour déballer l'appareil. Résultat des courses, les lions plongent et je ne les revois plus et je tombe la protection en cuir de l'appareil dans l'eau !
Bon, pas trop grave, ça flotte. Il faut juste mettre l'annexe à l'eau, monter le moteur et aller la chercher à quelques brasses. (Je vous rappelle quand même que je sors juste de mon duvet, que je suis en culotte et T-shirt, qu'il est 6 heures du matin et qu'il ne fait pas bien chaud !
La suite du programme: Gab se réveille, on boit le café tranquille et malgré le manque de vent, on décide d'appareiller pour partir vers La Paloma, car ce sera notre première étape qui nous permettra de vraiment gagner du nord.
Au niveau navigation, ce n'est pas très intéressant. Pas de vent dans les voiles (je suis même obligé de rentrer le génois car il se balade dans les haubans) et une grosse houle résiduelle. Bref, on marche au moteur et on se fait ballotter - nul, pour les voileux que nous sommes.
Alors, pour tuer le temps, je monte des lignes de pêche, et au moment de les mettre à l'eau, j'y mets quoi avec ? : Mes lunettes Ferrari à 500 euros !!! Qui, à 52 ans peut encore faire des nœuds de pêche sans lunettes ? Par contre, celles là ne flottent pas et sont un don définitif à Poséidon - merdum !
Finalement, la religion c'est assez simple, il suffit de bien les engueuler, les dieux, et ils te rendent justice, car qu'est qu'il nous a mis sur notre route, Poséidon, juste avant de rentrer dans le port de La Paloma ?: Des baleines à bosse, entre autres une mère et son petit (qui devait être quand même aussi grand que le bateau) qui se sont laissés approcher comme jamais je ne les ai approchées !!! Là, évidemment j'ai mitraillé à coups de photos. Il n'y avait plus la pochette pour me gêner, mais je n'avais plus les lunettes non plus pour bien viser. Je visionnerai ça plus tard avec mes loupes de rechange.

Baleines à l'entrée de La Paloma



Celle-ci juste pour vous prouver que c'est bien à bord du Corcovado qu'on les a vues

Cerise sur le gâteau, en arrivant au port, ça se passe très bien avec la préfectura (en fait, j'ai pigé qu'il fallait les appeler  par radio avant d'arriver). La douane et la migration, on n’en a plus rien à faire et apparemment la préfectura non plus.
Supermégacerise transgénique sur le gâteau, en arrivant en ville ou plutôt au village, car c'est pas bien grand, après 10 min de marche (le port est un peu excentré) c'est la fête de la musique et nous avons droit à notre premier concert de samba et que ça nous réchauffe, et que ça sent bon le brésil qui se rapproche !

Dimanche, 6 octobre. Que te dire, cher lecteur ? Nous sommes coincés là à cause du beau temps ! C'est bien la première fois de ma vie, que je maudis le soleil, car il nous empêche de partir vers de nouveaux horizons. De plus nous avons regardé la météo sur plusieurs jours et il n'y a pas une dépression qui se profile à l'horizon de toute la semaine ! Bon, La Paloma fait vraiment tout ce qu'elle peut pour bien nous accueillir, mais ça ne suffit malheureusement pas. Super beau temps, défilé de carnaval dans les rues etc., ils ont beau y faire, on n'est pas dedans ! Faut dire que la reine du carnaval était blanche et pas franchement bien gaulée. Mais bon, le rythme y était quand même. A se demander si on n’est pas trop exigeant parfois. Question de psychisme, je pense. Quand tu sais que t'es coincé là, on a beau te faire ce que tu veux, ça ne te convient pas.
Demain on ira voir une agence de voyage pour voir s'il n'y a pas des choses à faire dans le coin, parce que là, La Paloma au bout de deux jours, on en a fait le tour, bien que c'était bien agréable, avec le soleil, la musique, les baleines et tout et tout.

Gab en train d'admirer le massacre des requins

Déchargement de la pèche du jour

Un beau tas de requins

Le village de La Paloma, ces plages, son phare…..

Quelque peu bancale, la surveillance de la plage

Défilé de carnaval à La Paloma


Mardi, 8 octobre. Hier, journée excellente. Toujours grand beau temps sans vent. Comme on a pas grand-chose à faire, on bricole un peu à bord (le feu tricolore en tête de mat a lâché), on descend à terre pour chopper une connexion internet, histoire de parler un peu avec nos familles et surtout pour voir les bulletins météo.
De ce coté, c’est toujours pas terrible, mais ça évolue un peu. Il y a des vents portants au large, bien au large : à 150 miles, trop loin pour nous. Alors on décide de revenir aux plaisirs simples : Un bateau de pêche vient d’arriver au port et est en train de décharger son poisson. Nous lui en achetons deux pour un euro cinquante (il voulait m’en donner le double, mais comme nous n’avons pas encore mis le frigo en marche, j’ai refusé), et Gab nous fait un super plat au four. Pendant qu’on boit l’apéro en attendant que notre poisson cuise, la sécurité du port nous appelle pour nous demander de déplacer le bateau (il serait trop gros pour le corps-mort, il faudrait nous mettre à quai, certainement pour nous faire payer un peu plus cher).
Là, ça sort comme d’une seule bouche : Sans nous être concertés, nous leur disons qu’on n’a pas envie de bouger le bateau, car dans 3 heures, on sera parti !
Chose dite, chose faite. Nous retournons à bord, manger notre bon poisson, puis faire une sieste. Ensuite, nous allons payer le port et faire les formalités de sortie à la préfecture en évitant soigneusement la douane et la migration. Ça passe comme une lettre à la poste et nous voilà partis pour Cabo Polonio, petit cap sablonneux, accessible uniquement en 4x4 par voie de terre ou par la mer, à la frontière brésilienne. Parait-il que c’est très sympa, plein de dunes, d’otaries et de constructions baba cools illégales. Pour y aller nous longeons la cote d’assez près et c’est magnifique : Des dunes à perte de vue sur 24 miles. Seul bémol, nous avons un petit vent contraire et sommes obligés de mettre le moteur, en plus, les lignes de traîne n’ont rien donné (je vais avoir du mal à amortir mon investissement de 500 euros).
Peu importe, nous arrivons pile poil au coucher du soleil et c’est vraiment joli ! Malgré l’heure tardive et les vagues qui déferlent sur la plage, nous décidons de faire un tour à terre. En arrivant sur la plage, nous nous faisons effectivement tremper jusqu’au slip, mais le village nous plait tellement, avec ses bicoques faites de brique et de broque (on dirait un village de pirates), que nous essayons quand même de trouver un bistrot là dedans. Dommage qu’il soit trop tard pour prendre des photos.
Bien sur à cette saison, il n’y a pas grand monde, mais nous trouvons quand même le fameux bistrot, où nous buvons un truc assez fort pour nous réchauffer. Après deux réchauffages, ça commence à aller mieux et nous attaquons le retour. Pas facile, il n’y a pas de rues, pas de lumière, une plage des deux cotés du village et surtout, plus l’esprit très clair... Nous finissons quand même par retrouver la plage, puis l’annexe.
Allez, retrempage pour passer les vagues, mais il faut encore retrouver le Corcovado (en partant, on n’a pas allumé le feu de mouillage parce qu’on est le seul bateau dans la baie). Ça aussi, on y arrive et on passe une nuit à dormir sur nos deux oreilles.
Ce matin, je me suis fait réveiller par les otaries qui jouent autour du bateau et veulent visiblement rentrer en contact avec nous. Je regrette de ne pas avoir de combi de plongée épaisse, sinon je serais bien allé nager avec elles ! Bon il est 10h du matin, nous allons retourner à terre pour prendre des photos du village, manger au bistrot et profiter de sa Wifi pour vous envoyer tout ça.
Arrivée à Cabo Polonio


L’otarie amoureuse du Cabo Polonio

Photo de famille

Gab devant sa future maison de vacances

Le Corcovado au mouillage
 
Cabanes fantaisistes du Cabo Polonio





 
Bateau de pêche au sec (il y a du vent du nord)

Pas de bol, au resto ils n’enclenchent le générateur qu’à partir de 19h30, donc on doit attendre ce soir pour envoyer et contacter les familles. Ce n’est pas bien grave, le lieu est si étrange, qu’une balade supplémentaire ne nous désenchante pas. Alors voilà, encore quelques photos d’otaries, d’oiseaux qui t’attaquent quand tu t’approches trop de leur nid dans le sable et du Cabo Polonio, cette fois ci vue de la terre (je m’étais mis en tête de gravir la plus haute dune du coin). 

Les otaries hors de l’eau- c’est moins mignon



Sauf les bébés
Encore une bicoque avec le phare

Cabo Polonio vu de la lune - pardon, de la dune (tout petit à droite : le Corcovado)

Escadron d’attaque en piquet