jeudi 21 mars 2013

Jusque là tout va bien

L'île des Etats

Jeudi 21 mars, fini l'été et la météo nous le fait bien savoir …
Pensant faire route directe pour les Falklands, les forts vents du nord et les conditions vraiment difficiles que l'on rencontre dans le détroit de " Le Maire " nous obligent à faire cap à l'est, au sud de l'île des Etats.
Ni la houle, ni le vent ne nous sont favorables, et l'on s'abrite dans la caleta Capitain Canépa, un renfoncement assez étroit, sous un mur de granit noir qui nous surplombe de toute sa hauteur … 400 m ??
Au fond de la crique, une petite plage, une rivière, et en arrière-plan, un gigantesque cirque rocheux.


















Le temps s'arrête pour deux trois jours : on bouquine, on se regarde des films plus ou moins intelligents, on avance les cours du Cned, on va à terre, faire des feux, griller les saucisses, cuire les patates, monter des cabanes …

Mais aujourd'hui, ce n'est plus l'été. Des rafales secouent le Corco, et nous arrachent toutes les amarres qui maintenaient l'arrière du bateau … Grosse angoisse, et l'on regarde -en priant ??? p't'etre bien - les trois amarres qui nous tiennent encore l'avant … si ça lâche, non, on ne préfère pas imaginer !

Gab remonte l'arbre, pour récupérer notre amarre
Trois heures à se battre contre des rafales de juste 30-40 nœuds. On sort l'artillerie lourde : des amarres de gros diamètre ! En même temps, on remonte à bord les amarres qui ont lachées : l'une, assez usée, s'est sectionnée, les deux autres, elles, ont tenues, mais c'est les arbres sur lesquelles elles étaient fixées qui se sont arrachés, et ce n'était pas des arbustes …
Ca nous rassure quand même, il faut donc reprendre les points d'attache. Gab se met à l'escalade, et va frapper les plus gros troncs que l'on trouve sur cette roche. Et l'on multiplie les amarres : 4 à l'arrière et 7 à l'avant, voilà, on ne peut faire mieux, tout est dehors !

Donc jusque là ... tout va bien ... quoique les prévisions donne encore force 6 jusqu'à samedi matin avec un renforcement force 7 demain dans la journée …
On attend donc avec impatience le week end !!

samedi 16 mars 2013

Cap Horn


Les hauteurs d'Ushuaïa

 Après avoir laissé Kelig à ses amours sur le ponton de Flonflon à Ushuaïa, et fêté un an de plus, nous voilà en route pour le fameux Cap Horn. 

L’ambiance est au rendez-vous, et, avec un vent de 15 nœuds d’est, on est content que ça ne souffle pas plus: les îlots sont hérissés de rochers qui ressemblent aux dents de la mer, où se déchire une belle houle d’est.
Deux heures de manœuvres le premier soir pour amarrer le bateau et pouvoir dormir en toute sécurité sur l’île de Lennox, puis, après une longue journée de voile houleuse (en témoigne le petit paté de Leila venu du fond du cœur !!), nous sommes au pied du phare du Cabo de Hornos !
Le Cap Horn
On hésite à descendre à terre, mais l’envie de voir le Corco d’en haut, de ramener quelques cailloux de ce bout du monde, et de timbrer les passeports, fait que nous mettons quand même l’annexe à l’eau.  Gab et Nina restent à bord car l’ancrage n’est vraiment pas envisageable, et nous débarquons sur l’île mythique. Des escaliers de bois et le marin en faction pour un an ici avec sa petite famille nous attendent sur la rive noire. En haut, une petite chapelle en l’honneur de Stella Maris, le phare dont l’intérieur est décoré des milles pavillons des bateaux de plaisanciers et des voiliers de charter qui arrivent à faire escale ici, et l’horizon, à perte de vue, avec au loin, bien caché au sud du passage du Drake, l’Antarctique.

 Nous voilà caphorniers, même si la légende est quelques peu démystifiée avec les moyens techniques d’aujourd’hui : zone très bien cartographiée, prévisions météo et bateau motorisé.

Les dents de Navarino, à Puerto William
Le mois de mars nous offre de magnifiques journées ensoleillées, et encore de belles rencontres au ponton du Micalvy.  Le coin est assez vivant, avec une quinzaine de bateaux (dont bon nombre de français) qui vivent de charter, et tournent de décembre à mars entre les canaux, le Cap Horn et l’Antarctique. D’ailleurs, pour ceux qui aimeraient se faire l’expédition en Antarctique, nous avons quelques voiliers à recommander chaudement plutôt que d’autres …



Pour nous, il est temps de changer de latitude, car les ponts sont gelés au petit matin, et le capitaine, qui a eu sa dose de températures négatives dans son berceau chaux-de-fonnier, veut maintenant du chaud !! L’Afrique du Sud est juste de l’autre côté de l’Atlantique, et l’on se tâte un moment pour une traversée en famille. Mais madame, en vraie mère juive angoissée pour ses filles, ne présente pas toutes les qualités requises pour l’équipier idéal ! On opte donc pour le plan initial : départ demain aux aurores pour les Falklands, à 3 jours de navigation de Puerto William, puis se sera l’Uruguay !

Alors adios Chili et Terra del Fuego, tu nous auras bien régalé !!


lundi 4 mars 2013

Puerto William - Ushuaïa

Le Corco à la bouée depuis le pont du Micalvy

Le port le plus sud du monde est particulier : C’est un bateau mythique, le Micalvi qui sert de ponton, et les voiliers s’amarrent le long de sa coque,  à couple les uns des autres.
Comme le raconte encore et si bien J. Raspail, "ce navire, venu d’Allemagne pour approvisionner le Chili en munitions à la veille de la première guerre mondiale, fut gracieusement offert au pays plutôt que de se faire couler lors de sa traversée retour par la flotte anglaise des Falklands.
Unique navire de guerre chilien des confins magellaniques, il y exerça tous les métiers : ravitailleur de phares, mouilleur de bouées, poseur de balises, sauveteur d’indiens, topographe et hydrographe, météorologue, postier, passeur, épicier ambulant, dispensateur de soins médicaux et parfois même de sacrements quand l’aumonier embarquait pour sa tournée annuelle, officier d’état civil enregistrant décès, naissances et mariages, à la fois gendarme et juge de paix, ultime secours des éleveurs, bûcherons, chasseurs de phoques, chercheurs d’or, pêcheurs de crabes qui tentaient de survivre au fond d’un fiord ou sur les pentes d’une vallée accessible par la seule voie maritime."
Yendegaïa ou l'Egypte, version patagonie
Aujourd’hui, il offre ses douches chaudes aux navigateurs qui arrivent d’Antartique ou des canaux comme nous, et surtout un petit bar où le pisco coule à flot jusqu’à l’aube. On y retrouve Peter et son voilier Shanty, et nous faisons la connaissance de Boréal et son équipage : Sylvie, Hugues, et leurs quatres enfants, avec qui l’accroche se fait parfaitement, entre adultes et gamins. Après quelques jours pour régler les histoires de paperasses, on repart en leur compagnie, direction Yendegaïa, une belle baie où vivent parmi les chevaux, José, le Gaucho (entendre le cow-boy sud américain) et la belle belge Anémie. Sous un ciel enfin dégagé, on s’offre une magnifique balade à cheval : traversée de rivière à raz des bottes, montées et descentes à flancs de montagnes, et bien sur de fous galops,  dans la pampa, Leila et Clémence excitant les chevaux comme deux Calamity Janes !! Pas d’accidents heureusement, mais après 4 heures à ce rythme, on est bien content de voir l’estancia se rapprocher et de remettre pied à terre.






Boréal part vers le nord, et nous remettons le cap vers Puerto William, en attendant une bonne fenêtre météo pour aller naviguer dans les eaux du Cap Horn. Mais elle se fait attendre, alors on largue les amarres pour l’Argentine et Ushuaïa, à une vingtaine de mile plus à l’ouest, sur la cote nord du canal Beagle.
Que dire d’Ushuaïa, plutôt une simple étape pour se ravitailler. La ville n’offre que peu de charme, sauf si on laisse le regard se porter sur les sommets qui ferment la ville au nord. De puissantes montagnes noires dressant leurs pointes, découpant ce ciel de fin d’été qui se dégage enfin.
Le Corcovado est de nouveau prêt pour une belle traversée, avec des envies d’Afrique du Sud ??? Mais pas sans avoir vu le Cap Horn quand même, pour la légende bien sur, mais aussi pour visiter les groupes d’îles alentours.