dimanche 2 novembre 2014

Début de la vie à terre


Leila et la lessive

Afin d’être prêts pour l’arrivée des premiers vacanciers, nous cherchons sérieusement un logement à terre !
C’est vrai que la vie à bord présente un coté nomade et bohème qui nous plaît bien, mais présente quand même quelques inconvénients : on vit un peu coupé de la population, l’indépendance de chacun en prend un coup … et le Corcovado ne sera pas suffisamment grand pour accueillir les valises des béotiens de la vie à bord et encore moins leurs propriétaires !!
On se met donc en quête de la maison de rêve : jardin avec cocotiers et papayers, terrasse avec vue sur la mer, maison de quatre chambres en meublé, pour 200 €/mois …   

Après 4 ou 5 visites de maisons dans des quartiers qui rappelle Beyrouth à qui n’y est jamais allé, on revoit nos rêves à la baisse … 30 minutes de marche sous le soleil de midi, et nous prenons la première maison qui nous offre un peu de fraicheur ! On oublie le jardin, la terrasse et les meubles, et on signe, enfin, on paye !
Les proprios habitent à l’étage, et nous assurent un coup d’œil bienveillant contre d’éventuels voleurs ! Oui, on a eu notre dose, et on devient méfiants. Leur fille, institutrice, nous offre notre premier cours de créole. 
  
On y est bien, à part le coq qui vit sur la terrasse, et dont l’horloge biologique est complètement défaillante…. Il chante, enfin cocoricote, toutes les heures à partir de 2 h du mat !!! Wallaye, on l’échangerait volontiers contre le muezzin de Gao ! Bref, entre le coq donc et les batailles de chiens, sans oublier les moustiques et les matelas vraiment mauvais que nos proprios nous ont dégotés, on regrette les nuits sur le Corco … 
Ahh les suisses – euh non les français pardon – et leur coté râleur ! 
Allez, il faut bien un peu de temps pour s’habituer à de tels changements de vie … et on s’y fait assez vite, contents d’être là. 

Le logement étant trouvé, c’est l’école de Nina qu’il faut chercher ; Direction … vous ne devinerez jamais !?! Les bonnes sœurs !!! Si vous voulez des détails sur le pourquoi de nos choix, c’est simple : les autres écoles, c’est 100 enfants entre 2 et 6 ans parqués dans une pièce de 20 m2, avec Dora et Mickey peints sur les murs, trois jouets made in China, tout ça dans une ambiance chaude et humide entre les 40 °C dehors, le bâtiment en béton pas ventilé et les pleurs des petits …. Désolée, je n’ai pas pu signer !

Jour de grâce, jour de pluie ...
 Donc direction sœur Marie Thérèse du Cap Vert, (même tête que celle des Batignolles, c’est pas pour rien qu’on les appelle les dragons), où la classe ressemble à une classe, une vingtaine de grands de 4 – 5 ans et une maîtresse qui, dragée sur la religieuse, n’est pas une bonne sœur ! que demande le peuple et les parents très laïques que nous sommes ??
Ecole de 8 à 12 h donc pour Nina, ce qui permet à Leila de travailler plus sereinement avec son dragon de mère, car la 5ème, c’est du plus lourd que ce qu’on avait connu pour la primaire. 


Gab vadrouille pendant ce temps entre la ville et le voilier,
et fait son premier « charter », entendre par là qu’il emmène d’île en île des touristes désireux de s’allèger l’estomac en pleine mer. Il ramène ainsi à Tarrafal depuis Maïo la famille qu’on y avait rencontrée ! Leila et Nina sont heureuses de retrouver les enfants même si ça parle plutôt allemand, et comble de joie, une autre famille de français cette fois, mouille dans la baie de Tarrafal. A bord de ce catamaran, Guillaume, Jessica et leurs deux gamins, une famille avec qui on accroche tous tout de suite ! La suite de l’histoire : de bonnes soirées arrosées, une belle marche dans les hauteurs de Tarrafal, et de bons gâteaux au chocolat pour fêter les 12 ans de Leila !
Les hauteurs de Tarrafal vues de la plage


La plage et Tarrafal vue du sommet avec les spots de surf et le Corco au mouillage

Puis c’est l’heure des au-revoir en même temps que des retrouvailles : Le cata de Guillaume et Jessica – Marilisa - part pour le Sénégal, le jour même où arrive à Praïa, the Glück family … 

On goute la canne à sucre du jardin
Pas deux mois qu’on était loin de la France que le fromage, euh non, les copains nous manquaient déjà !! Et comme ils arrivent, avec du chèvre dans les valises, on ne peut qu’être comblés, comme Leila qui peut enfin ouvrir ses cadeaux d’anniversaire ; des bouquins, et des bouquins, et du matos pour ses créations … notre idée étant pour nous deux, de confectionner de jolis souvenirs pour les touristes … bijoux, mobiles, poupées, lampes, meubles … typic cap-verdien oblige !
L’heure est donc aux vacances. On ferme les bouquins du CNED, on tourne le dos au bon Dieu et à ses bonnes sœurs, direction la playa !

Après deux - trois jours de farniente, poissons, vagues, ballades, baptême de plongée, bronzage, et coiffeurs, tout le monde se cale sur le Corco, en plus de Jaïr, notre « gardien » avant tout rasta – surfeur, soit 9 personnes, et on trace direction Fogo, l’île au Volcan. 
10 heures de navigation plus tard pendant lesquelles on a le temps de trouver ça magique, puis chiant ou pas, ou nauséeux selon les personnes, puis stressant pour mama Naima (le moteur nous lâche … un problème d’arrivée d’essence), nous arrivons à la tombée de la nuit dans le petit port de Sao Filipe. Il est trop tard pour descendre à terre et se trouver de quoi dormir. C’est donc un plat de spag, une bière, et au lit : avec une gestion de l’espace optimale puisque tout le monde passe une bonne nuit même si notre rasta-surfeur doit dormir sur le pont, qui est loin d’être l’endroit le moins confortable sous ces latitudes.
Le lendemain, laissant Jaïr à bord avec du riz pour deux jours, un harpon et une canne à pêche, histoire de lutter contre la faim et/ou les voleurs, nous montons à la ville de Sao Filipe. Première étape avant le volcan. Nous nous ravitaillons, et pour le plus grand bonheur de Claire, le marché est plein de fruits, dont de succulentes mangues, que l’on ne trouve plus à Tarrafal. Les terres volcaniques sont fertiles et Fogo produit plein de merveilles, dont du bon vin, notamment le blanc, et du café, en plus des fruits et légumes tropicaux …  

Un minibus nous monte ensuite vers l’intérieur du cratère : Cha das Caldeira – 1700 m d’altitude environ ; un endroit lunaire, magique, où les coulées de lave de 1951 et de 1995 rivalisent de majesté … et au centre de la caldeira, un village entouré de pied de vigne, maïs, haricots … c’est dans ce décor, banal à crever, nanana … il est tard, je m’égare, je reprends ; c’est dans ce cadre, peu banal, que nous passons deux nuits, avec, pour Alexandra et Leila, la tête sous les étoiles, avec le cône du volcan en toile de fond. Elles ont squatté les deux hamacs, qui se balancent sur le toit de la pension … 

Réveil aux aurores pour les mamans et les deux grandes puisqu’on part pour l’ascension du Grand Pico, 1100 m de dénivelé. A 9h30 m (un peu moins de 3h30 de montée) nous sommes au sommet. Pas de lave dans le cratère, mais la vue est magnifique et l’effort toujours agréable. L’ascension aura été bonne, et la descente l’est aussi pour une fois : c’est 700 m d’une pente de pouzzolane, fine et légère ! Le pied, pour les genoux fragiles, et même pour la plante des pieds puisque les filles ôtent rapidement et définitivement leurs chaussures, fatiguées d’enlever les cailloux qui s’y glissent ! 







Une dernière nuit dans cette ambiance magique et il nous faut redescendre vers le rivage. Brava, la dernière île à l’ouest n’est qu’à quelques miles de Fogo mais il ne reste pas suffisamment de temps pour s’y aventurer, avec le risque que les vents changent et nous bloquent loin de Santiago et de son aéroport … le compte à rebours vers le retour a commencé pour Claire et Mathias. Nous rembarquons donc sur le Corco après un bon petit bain, des plongeons audacieux, et un plat de poisson pêché par Jair, qui est bien fêté par les filles … serait-ce les hormones de ces dernières qui se mettent au boulot, ou seulement les talents de pêcheur de notre beau capverdien ?? 
Requin pêché par Jaïr par erreur .. qu'il n'a pas réussi à sauver

On décide de faire la navigation de nuit, histoire que le temps soit moins long (comme quoi il n’y a pas que moi qui avait trouvé ça chiant au bout d’un moment !!) mais une heure n’a pas passée que la famille Glück presque au complet –Camille sera sauvée pour s’être vite couchée – régurgite à tour de rôle le bon dîner, manquant de s’arroser mutuellement … beurk … la réalité est là et je suis heureuse de compter des témoins de la dure vie que Gab nous fait vivre !!
Couchée à 19h après le soleil, je profite des heures du tout petit matin et de la voute étoilée … à ce propos, amis astronautes ou à défaut internautes, on ne voit plus la Grande Ourse, est-ce normal ?  

On dirait pas une petite capverdienne ??
Il ne reste que quelques jours aux heureux vacanciers pour se retaper après cette petite traversée : on reprend donc le programme soleil, plage, ballade, coiffeur avec en plus les options canoë et langoustes ! Et l’heure du départ est là ; même si c’est un peu triste, il est grand temps de rentrer sous des latitudes à la vie moins déshabillée et ensoleillée  car Mathias vire à l’écrevisse, et Claire et les filles se fondent tellement dans le paysage local qu’il finirait par les perdre de vue ! 

Bon retour au village en vous souhaitant un automne qui continue à jouer aux indiens, et biz aux zamis lecteurs plein de tendre intérêt ou de courage pour être arrivés jusqu’au bout de ce texte !!