dimanche 2 novembre 2014

Début de la vie à terre


Leila et la lessive

Afin d’être prêts pour l’arrivée des premiers vacanciers, nous cherchons sérieusement un logement à terre !
C’est vrai que la vie à bord présente un coté nomade et bohème qui nous plaît bien, mais présente quand même quelques inconvénients : on vit un peu coupé de la population, l’indépendance de chacun en prend un coup … et le Corcovado ne sera pas suffisamment grand pour accueillir les valises des béotiens de la vie à bord et encore moins leurs propriétaires !!
On se met donc en quête de la maison de rêve : jardin avec cocotiers et papayers, terrasse avec vue sur la mer, maison de quatre chambres en meublé, pour 200 €/mois …   

Après 4 ou 5 visites de maisons dans des quartiers qui rappelle Beyrouth à qui n’y est jamais allé, on revoit nos rêves à la baisse … 30 minutes de marche sous le soleil de midi, et nous prenons la première maison qui nous offre un peu de fraicheur ! On oublie le jardin, la terrasse et les meubles, et on signe, enfin, on paye !
Les proprios habitent à l’étage, et nous assurent un coup d’œil bienveillant contre d’éventuels voleurs ! Oui, on a eu notre dose, et on devient méfiants. Leur fille, institutrice, nous offre notre premier cours de créole. 
  
On y est bien, à part le coq qui vit sur la terrasse, et dont l’horloge biologique est complètement défaillante…. Il chante, enfin cocoricote, toutes les heures à partir de 2 h du mat !!! Wallaye, on l’échangerait volontiers contre le muezzin de Gao ! Bref, entre le coq donc et les batailles de chiens, sans oublier les moustiques et les matelas vraiment mauvais que nos proprios nous ont dégotés, on regrette les nuits sur le Corco … 
Ahh les suisses – euh non les français pardon – et leur coté râleur ! 
Allez, il faut bien un peu de temps pour s’habituer à de tels changements de vie … et on s’y fait assez vite, contents d’être là. 

Le logement étant trouvé, c’est l’école de Nina qu’il faut chercher ; Direction … vous ne devinerez jamais !?! Les bonnes sœurs !!! Si vous voulez des détails sur le pourquoi de nos choix, c’est simple : les autres écoles, c’est 100 enfants entre 2 et 6 ans parqués dans une pièce de 20 m2, avec Dora et Mickey peints sur les murs, trois jouets made in China, tout ça dans une ambiance chaude et humide entre les 40 °C dehors, le bâtiment en béton pas ventilé et les pleurs des petits …. Désolée, je n’ai pas pu signer !

Jour de grâce, jour de pluie ...
 Donc direction sœur Marie Thérèse du Cap Vert, (même tête que celle des Batignolles, c’est pas pour rien qu’on les appelle les dragons), où la classe ressemble à une classe, une vingtaine de grands de 4 – 5 ans et une maîtresse qui, dragée sur la religieuse, n’est pas une bonne sœur ! que demande le peuple et les parents très laïques que nous sommes ??
Ecole de 8 à 12 h donc pour Nina, ce qui permet à Leila de travailler plus sereinement avec son dragon de mère, car la 5ème, c’est du plus lourd que ce qu’on avait connu pour la primaire. 


Gab vadrouille pendant ce temps entre la ville et le voilier,
et fait son premier « charter », entendre par là qu’il emmène d’île en île des touristes désireux de s’allèger l’estomac en pleine mer. Il ramène ainsi à Tarrafal depuis Maïo la famille qu’on y avait rencontrée ! Leila et Nina sont heureuses de retrouver les enfants même si ça parle plutôt allemand, et comble de joie, une autre famille de français cette fois, mouille dans la baie de Tarrafal. A bord de ce catamaran, Guillaume, Jessica et leurs deux gamins, une famille avec qui on accroche tous tout de suite ! La suite de l’histoire : de bonnes soirées arrosées, une belle marche dans les hauteurs de Tarrafal, et de bons gâteaux au chocolat pour fêter les 12 ans de Leila !
Les hauteurs de Tarrafal vues de la plage


La plage et Tarrafal vue du sommet avec les spots de surf et le Corco au mouillage

Puis c’est l’heure des au-revoir en même temps que des retrouvailles : Le cata de Guillaume et Jessica – Marilisa - part pour le Sénégal, le jour même où arrive à Praïa, the Glück family … 

On goute la canne à sucre du jardin
Pas deux mois qu’on était loin de la France que le fromage, euh non, les copains nous manquaient déjà !! Et comme ils arrivent, avec du chèvre dans les valises, on ne peut qu’être comblés, comme Leila qui peut enfin ouvrir ses cadeaux d’anniversaire ; des bouquins, et des bouquins, et du matos pour ses créations … notre idée étant pour nous deux, de confectionner de jolis souvenirs pour les touristes … bijoux, mobiles, poupées, lampes, meubles … typic cap-verdien oblige !
L’heure est donc aux vacances. On ferme les bouquins du CNED, on tourne le dos au bon Dieu et à ses bonnes sœurs, direction la playa !

Après deux - trois jours de farniente, poissons, vagues, ballades, baptême de plongée, bronzage, et coiffeurs, tout le monde se cale sur le Corco, en plus de Jaïr, notre « gardien » avant tout rasta – surfeur, soit 9 personnes, et on trace direction Fogo, l’île au Volcan. 
10 heures de navigation plus tard pendant lesquelles on a le temps de trouver ça magique, puis chiant ou pas, ou nauséeux selon les personnes, puis stressant pour mama Naima (le moteur nous lâche … un problème d’arrivée d’essence), nous arrivons à la tombée de la nuit dans le petit port de Sao Filipe. Il est trop tard pour descendre à terre et se trouver de quoi dormir. C’est donc un plat de spag, une bière, et au lit : avec une gestion de l’espace optimale puisque tout le monde passe une bonne nuit même si notre rasta-surfeur doit dormir sur le pont, qui est loin d’être l’endroit le moins confortable sous ces latitudes.
Le lendemain, laissant Jaïr à bord avec du riz pour deux jours, un harpon et une canne à pêche, histoire de lutter contre la faim et/ou les voleurs, nous montons à la ville de Sao Filipe. Première étape avant le volcan. Nous nous ravitaillons, et pour le plus grand bonheur de Claire, le marché est plein de fruits, dont de succulentes mangues, que l’on ne trouve plus à Tarrafal. Les terres volcaniques sont fertiles et Fogo produit plein de merveilles, dont du bon vin, notamment le blanc, et du café, en plus des fruits et légumes tropicaux …  

Un minibus nous monte ensuite vers l’intérieur du cratère : Cha das Caldeira – 1700 m d’altitude environ ; un endroit lunaire, magique, où les coulées de lave de 1951 et de 1995 rivalisent de majesté … et au centre de la caldeira, un village entouré de pied de vigne, maïs, haricots … c’est dans ce décor, banal à crever, nanana … il est tard, je m’égare, je reprends ; c’est dans ce cadre, peu banal, que nous passons deux nuits, avec, pour Alexandra et Leila, la tête sous les étoiles, avec le cône du volcan en toile de fond. Elles ont squatté les deux hamacs, qui se balancent sur le toit de la pension … 

Réveil aux aurores pour les mamans et les deux grandes puisqu’on part pour l’ascension du Grand Pico, 1100 m de dénivelé. A 9h30 m (un peu moins de 3h30 de montée) nous sommes au sommet. Pas de lave dans le cratère, mais la vue est magnifique et l’effort toujours agréable. L’ascension aura été bonne, et la descente l’est aussi pour une fois : c’est 700 m d’une pente de pouzzolane, fine et légère ! Le pied, pour les genoux fragiles, et même pour la plante des pieds puisque les filles ôtent rapidement et définitivement leurs chaussures, fatiguées d’enlever les cailloux qui s’y glissent ! 







Une dernière nuit dans cette ambiance magique et il nous faut redescendre vers le rivage. Brava, la dernière île à l’ouest n’est qu’à quelques miles de Fogo mais il ne reste pas suffisamment de temps pour s’y aventurer, avec le risque que les vents changent et nous bloquent loin de Santiago et de son aéroport … le compte à rebours vers le retour a commencé pour Claire et Mathias. Nous rembarquons donc sur le Corco après un bon petit bain, des plongeons audacieux, et un plat de poisson pêché par Jair, qui est bien fêté par les filles … serait-ce les hormones de ces dernières qui se mettent au boulot, ou seulement les talents de pêcheur de notre beau capverdien ?? 
Requin pêché par Jaïr par erreur .. qu'il n'a pas réussi à sauver

On décide de faire la navigation de nuit, histoire que le temps soit moins long (comme quoi il n’y a pas que moi qui avait trouvé ça chiant au bout d’un moment !!) mais une heure n’a pas passée que la famille Glück presque au complet –Camille sera sauvée pour s’être vite couchée – régurgite à tour de rôle le bon dîner, manquant de s’arroser mutuellement … beurk … la réalité est là et je suis heureuse de compter des témoins de la dure vie que Gab nous fait vivre !!
Couchée à 19h après le soleil, je profite des heures du tout petit matin et de la voute étoilée … à ce propos, amis astronautes ou à défaut internautes, on ne voit plus la Grande Ourse, est-ce normal ?  

On dirait pas une petite capverdienne ??
Il ne reste que quelques jours aux heureux vacanciers pour se retaper après cette petite traversée : on reprend donc le programme soleil, plage, ballade, coiffeur avec en plus les options canoë et langoustes ! Et l’heure du départ est là ; même si c’est un peu triste, il est grand temps de rentrer sous des latitudes à la vie moins déshabillée et ensoleillée  car Mathias vire à l’écrevisse, et Claire et les filles se fondent tellement dans le paysage local qu’il finirait par les perdre de vue ! 

Bon retour au village en vous souhaitant un automne qui continue à jouer aux indiens, et biz aux zamis lecteurs plein de tendre intérêt ou de courage pour être arrivés jusqu’au bout de ce texte !!

lundi 6 octobre 2014

Tarrafal nous revoilà

Dimanche 21 Septembre: En étrangers consciencieux et n’ayant pas envie de se faire mettre dehors, nous partons pour Praïa à bord du Corco, histoire de se mettre en règle question papiers : objectif prolongation des visas !
Petite église abandonnée cherche fidèles ??

Gab et Fabrice, après et avant la pluie

Praïa, la capitale du Cap Vert est sur la même île que Tarrafal, mais tout au sud, à quelques 35 miles nautiques … Ayant embarqué Fabrice, un jeune Franco-capverdien à la recherche de ses racines et de son tout neuf passeport capverdien, nous arrivons après 4-5 heures de nav au moteur ! 
Un seul voilier est à l’ancre dans le port, bloqué là après avoir été arraisonné par la police avec, à son bord,  des centaines de milliers d’euros en petites coupures …
Nous arrivons avec la pluie, et nous regardons, bloqués à bord, les falaises d’où chutent des cascades d’eau et de détritus ! L’eau du port est rapidement d'un joli marron parsemée de bouteilles plastique et autres objets illustrant si bien notre chère société de consommation !
Bref, le coin n’est pas un paradis, ni même fiscal … Mais nous ne sommes là que pour un jour, histoire d’en finir avec la paperasse, et ce n’est pas la couleur de l’eau qui va nous retarder … 

Notre enthousiasme en prend un coup dès la fin de la matinée quand on nous explique qu’il faudra apporter un certificat médical pour chacun de nous, les carnets de vaccination international, des photos d’identités …  on est bon pour passer la nuit ici.
Le lendemain de cette fameuse première nuit, l’enthousiasme  n’est vraiment plus d’actualité puisqu’on se rend compte qu’on a été volé ! Je me réveille à cause de sifflements insistants d’un gars qui gesticule à terre ; premier réflexe, voir où est l’annexe, puisque ce n’est pas la première fois qu’elle nous quitte en pleine nuit … et c’est bien là le problème, sauf qu’il ne s’agit pas d’un nœud mal fait car les cordages qui la tenait sont coupés, et il manque, dans le carré, l’ordinateur tout neuf de Leila, son appareil photo étanche aussi tout neuf, la tablette de Gab, et encore quelques appareils genre téléphone, disque dur, clé USB … Tout le monde est vert, on arrive pas à y croire, car on n’a rien entendu, alors qu’on était 5 à bord, dont moi qui dormais dans le cockpit et Fabrice un copain qui dormait dans le carré, donc à quelques centimètres du passage des voleurs !
Gab en train de récupérer le dinguy allégé du moteur
Vu les gueulées des gens sur la digue, on se dit que le dinguy doit se trouver sur le rivage. Gab plonge, suivit de Fabrice qui fera un bon interprète si nécessaire, et moi je reste consoler Leila …. et Nina, nos 250 films pour enfants se sont envolés aussi !
Retour au bateau à la rame, car le dinguy a été allégé de nos 4 paires de tongues, mais surtout de son moteur !!! Pas fissschhh du tout Praïa. Mais on doit être heureux selon les locaux car si quelqu’un s’était réveillé, ça aurait pu finir avec un coup de couteau ou autre … 


Quelques jours et paperasses plus tard, on quitte enfin Praïa et on arrive de nuit, à Maïo, une île sur la côte est de Santiago. Le ciel sans lune mais parsemé de millions d’étoiles et la mer qui scintille de krill dans le sillage du Corcovado nous font oublier nos malheurs.
Au petit matin, on découvre un joli village et on a hâte d’y débarquer. Petit problème, ça déferle sec. On négocie relativement bien notre première arrivée sur la plage entre deux vagues, mais plus question de faire des aller-retours sur le bateau … sauf que M. Doudou est resté sur le Corco …
Les filles s’éclatent dans les rouleaux, et les grands profitent d’une petite cahute sur la plage où se retrouvent les gens du coin, enfin plutôt les expatriés du coin … essentiellement des italiens et des allemands. 

  



On y fait trempette quelques jours, et on se fait surtout des grosses frayeurs chaque soir, pour retourner sur le bateau. Et oui, l’ambiance sur la plage est telle qu’il est difficile de retourner à bord avant la nuit. Et négocier le passage entre deux séries de vagues n’est pas chose simple de nuit : On met Nina seule dans le dinguy, avec les sacs (étanches), et on se dépêche de pousser le canot avant qu’une trop grosse vague ne se forme … Après il nous faut encore grimper à bord et souquer ferme à la rame (vu qu’on n’a plus de moteur … volé à Praia). Bien sur, le deuxième soir, plus en confiance, c’est une belle vague qui nous pète sur la tête, et  Nina reste terrorisée ! Les autres soirées, il faut donc gérer, en plus des vagues, les hurlements de la miss qui pense qu’on va la noyer ! Bref, après une petite virée autour de l’île (20 km x 10 km) qui nous donne un bon aperçu des paysages : grandes plages, savane et petites collines, il est temps de quitter Maio pour retrouver Tarrafal et son mouillage plus propice aux voiliers et voileux !

L'église de Maïo

Un beau rocher, avant l'arrivée à Tarrafal depuis le nord


jeudi 18 septembre 2014

Septembre 2014 : Le retour des gonzesses à bord



Le temps de se remettre de la fatigue du départ et du voyage, du choc climatique doublé de l’interdiction de baignade (pied entaillé –en travaillant - la veille du départ : 9 points de suture !), le temps de réorganiser l’espace enfin la place pour caler nos quelques effets personnels (150 kg de bagages !!! oui, on est bien des gonzesses !!) ;
Le temps de digérer la réalité forcément différente des images qui s’étaient formées dans nos têtes quand on pensait Cap Vert, et le temps de mettre Leila au boulot, me voilà derrière l’ordi, 5h du mat, 8h chez vous, dans le carré, un petit air –forcément moite- essayant de rafraichir ma peau, sauf un pan, squattée par Nina, qui n’a pas perdu son coté lève-tôt.
Ca y est donc, nous voilà au Cap Vert !
Après un mois d’août tellement chargé en boulot (on n’a plus l’habitude hein !!) et plusieurs derniers jours pour vider, ranger, nettoyer la maison (merci d’ailleurs aux copains et à la mama), le vol devait être un doux moment de repos … Sauf que ça n’a pas été si beau, et ça a même frisé la crise : Vol de correspondance Casa-Cap Vert modifié, et voilà les 150 kg de bagages (dont 2 surfs qui n’ont pas bien le sens de l’équilibre hors milieu aqueux …) qui débarquent à Casa. On rigole bien du binss que c’est de récupérer tout ça et de repasser par toutes les phases douanes-immigration-police … mais c’est moins drôle quand la nana à l’enregistrement nous dit « il faut payer », les surfs ne passent pas comme ça ! Je ne vais pas me faire pigeonner, moi, nan nan nan … alors je m’entête, je négocie, jusqu’à ce qu’on manque de rater l’avion … bref, à l’heure du décollage prévu, j’oublie mon orgueil, je sors la carte bleue en maudissant Royal Air Maroc (ils m’auraient laissé en plan à l’aéroport avec mes deux minettes en pleurs sans aucun scrupule … ) et le vol décolle avec nous, et grâce à nous, avec 30 min de retard (on a passé toutes les formalités avec un mec de Royal Air Maroc en VIP : very chiantes personnes).
Nous revoilà en l’air pour un vol non de 1 h, mais de 5h ! Direction Guinée Bissau histoire de se frotter à Ebollah, et de faire attendre Gab à l’arrivée ! Nous arrivons quand même, à l’aube à Santiago, 4h du mat. Nina ayant aperçu son « Papa », fais fis des barrières et des agents de police et de douane et court dans ses bras. Les douaniers n’ont pas le courage de vérifier notre énorme tas de bagages et nous laissent rejoindre le capitaine en 5 min ! Avis aux amis et parents qui viendraient nous trouver : vous pouvez glisser dans vos bagages toutes les substances douces et illicites que vous voulez : fromage, saucissons, shamallow, on n’est pas chez les anglo-saxons ni en Amérique (du sud comme du nord) ici.
1h de route dans la nuit et les brumes du sommeil et nous voilà débarqués du taxi sur la petite jetée en ruine de Tarrafal. Il commence à faire jour, de quoi se rendre compte qu’il faudra ramer jusqu’au bateau : le tuyau d’alimentation du moteur s’est volatilisé pendant que Gab nous attendait à Praia … Heureusement, c’est l’heure où les pêcheurs sortent ; ils nous prennent gentillement sur leur barque et tracte Gab dans le dinguy.

Voilà une petite semaine de passée.
Du Cap Vert, on ne dira rien encore puisque nous ne sommes pas sortis de la baie de Tarrafal.

Tarrafal, c’est « Fisssshhh », le terme créole pour dire cool, ça va ….
Sinon, c’est quand même un gros village (environ 6000 habitants) bien bétonné (les capverdiens immigrés, très nombreux, se font construire de « belles » maisons, qui sont souvent en cours de finition ou abandonnées), à l’architecture un peu « épaisse » …  La plage est belle et l’eau d’une pure couleur, mais pas très sauvage … ça vit du matin au soir, et Leila, encore bien timide, regrette le coté désert des îles du pacifique ! Ce que ça fait d’avoir beaucoup voyagé !!!
Donc notre première impression est un peu mitigée, ça, plus la fatigue et la chaleur moite de moite (on est en pleine saison des pluies … pluies qui n’arrivent pas cela dit en passant …), plus les gens qu’on ne comprend pas …  on est au bord de la dépression !! 

Après du repos, de belles mangues et papayes juteuses à souhait, des plongées matin et soir, et la rencontre de locaux et expatriés biens sympathiques, on commence à se dire, qu’on pourrait bien y vivre heureux un
Le bureau de Leila
bon moment, d’autant que les alentours proches nous réservent plein de trésors à déguster : vagues magiques pour le surf, randonnées avec paysages et villages préservés, plages désertes …  et le créole ne devrait pas nous résister avec sa structure « petit nègre » et bientôt des traducteurs à domicile : nous comptons mettre Nina quelques matinées par semaine dans un jardin d’enfants (ça pousse bien ici) ; elle devrait être à l’aise rapidement vu son jeune âge et sa tchache … et Leila devrait aller se frotter aux vagues locales avec le champion du coin, de quoi chopper aussi un peu de vocabulaire !

Alors … Ti logou …a plouch



mardi 8 avril 2014

07.04.14 Lundi, jour d'arrivée


Eh ben oui, on l'aura fait, contre l'avis de tous les experts en voile et surtout contre vents et marees ! En fait, je parle un peu trop vite, car on n'est pas tout a fait arrivé encore, mais une fois au mouillage dans le port, il y aura trop de choses a faire pour que j'aie le temps d'ecrire. Comme j'avais quand même envie de mettre un petit mot de la fin je m'y mets maintenant, ca diminue le temps d'attente en plus. Les arrivées sont toujours longues, car on voit la terre des heures et des heures durant avant de la toucher.Pour le moment on ne la voit même pas encore, alors qu'on est a moins de 30 milles de Praia, la capitale, mais j'ose esperer que c'est parce que il y a des nuages a l'horizon plutot que de m'imaginer que les 3 ordis de navigation du bord nous racontent des bobards sur la situation geographique du Cap Vert.

Hormis l'absence de visu, autre chose d'inquiétant : On a plus de fioul ! Ce qui devait arriver  arriva : Cette nuit nous ne sommes pas tombés en panne, mais nous avons arreté le moteur pour garder quelques litres en vue de la rentree dans le port, et nous sommes actuellement a la voile, mais ne pouvant faire qu'un angle de 60 degres par rapport au vent, alors qu'on fait du 30 quand on est appuyé au moteur, nous allons rater l'ile de quelques 10 milles ! Rageant, non ? Bon, on mettra le moteur en route 2 heures avant de rentrer dans le port, en priant que les quelques litres qu'on a gardés, suffiront,  sinon, on appellera a l'aide par radio ou on tirera des bords, on verra.
Une fois arrivés a terre, il faudra faire, comme d'hab, les formalités d'entrée. Ensuite, selon l'heure, je pense qu'on va se faire un bon resto, sinon au moins un super bon bar, je vous signale que malgré nos efforts d'economie, il n'y a plus une goutte d'alcool a bord depuis deux jours, et que ca, en plus du manque de clopes, ca me semble faire une eternité ! Par la suite, je pense que j'aiderai Gab encore a faire le plein de fioul, puis je m'occuperai de trouver un ou deux billets d'avion retour en fonction de la date, car Gab doit encore trouver un endroit pour laisser le Corcovado. Parait-il qu'a Praia, ça craint trop au niveau des vols, il pense donc se deplacer vers le nord de l'ile ou carrement aller sur une autre, mais je ne pense pas que je le suivrai jusque la, mon envie de famille devient trop pressant. Ici s'arrete donc mon  voyage sur le Corcovado, en esperant que le sien, comme celui de Gab ainsi que celui de tous les autres qui monteront a son bord, continue encore  longtemps.





samedi 5 avril 2014

04.04.14

Salut la compagnie des lecteurs. Juste un petit mot pour vous signaler qu'on a toujours pas coule, parce que a part ca, les jours se suivent et se ressemblent assez. Après nos deux jours de tergiversations sur l'Afrique, le manque de Fioul et les vents contraires, qui furent psychologiquement fatigantes, nous avons quand même pris la decision de tenter de rejoindre le Cap Vert sans escale. Donc depuis on marche au moteur en permanence en essayant de faire porter les voiles autant qu'on peut, mais ca n'avance pas a grand-chose, car les vents sont, et d'un faibles, et de deux, contraires pour ne pas changer. Nous avons beau temps et la mer et relativement calme. Point positif, les troupeaux de dauphins nous aiment mieux dans l'hemisphere nord, dirait on, car ils viennent nous voir maintenant et nous apportent du poisson qui plus est. (Sous les bancs de dauphins il y a souvent des bancs de thon pour ceux qui l'ignoraient.) La derniere fois qu'un banc de petits dauphins est venu jouer a l'avant du bateau, nous avons eus une double touche a l'arriere :Gab un petit thon et moi une bonite. Vue qu'on avait deja mange de la bonite et que de toute facon le thon c'est meilleur, nous avons occis le thon et remis la bonite al'eau, faute de moyen de conservation.   Oups !! Ne jamais dire que c'est trop tranquille, j'allais vous parler d'un eventuel manque de fioul pour la " n "ieme fois, mais on a eu mieux : Soudaine baisse du regime moteur et une perte de vitesse du bateau, alors que j'allais tranquillement  vous ecrire qu'on commencait a trouver le temps un peu long. Diagnostic : On a atrappe quelque chose dans l'helice ! Il faut plonger pour aller voir ! Heureusement que c'est le matin et que le temps et calme. Je me mets donc un masque et a l'eau et je vois effectivement un gros sac plastique d'aide alimentaire enroule autour de l'helice. Merci l'UNICEF ! Plus de peur que de mal, j'arrive quand même a le demeler en quelques plongeons et nous voila repartis.
J'en etais au thon : On l'a entierement bouffe tout cru : Sashimi, Carpaccio et petits canapes, dont le carpaccio etait d'un commun accord le meilleur repas qu'on ait fait depuis qu'on est parti. Tu peux pas trouver aussi bon au resto. Rien que d'y penser je salive de nouveau, mais il n'y en a plus depuis hier soir, ce qui fait qu'on a remis les lignes de traine a l'eau ce matin, mais a part le sac Unicef on a rien peche pour le moment. Ca sera peut etre pour ce soir, on s'est pas fait de tartare encore. Faut que j'arrete de fantasmer sur la bouffe, je suis en train de compenser grave mon manque de cigarettes avec ca et vue ce qu'on se bouge sur un bateau, je vais prendre 20 kg avant d'arriver au Cap Vert !
L'arrivee est prevu pour dans trois jours, si tout va bien (pas d'autres sacs plastique ou filet derivant dans l'helice ou autre panne moteur) et sera duement fete , car abord ca commence a etre le deche ! Au jour d'aujourd 'hui il nous restent 4 bieres chaudes et une bouteille de vin !
Faut vraiment qu'on mette la gomme mais on peut pas sinon on consomme trop de fioul dont le niveau est juste aussi, et si on doit finir a la voile, ca peut prendre des semaines !
Allez, ayons foi dans le niveau des liquides et prions Eole qu'il nous envoie un peu de vent (portant, svp Monsieur). Honnêtement, je crois aussi peu à l'un qu'a l'autre.

vendredi 4 avril 2014

010414 Quand l'Afrique rentre dans la danse

Nous sommes presque a mi chemin du Cap Vert, avons passes le potonoir et comme prevu, les premiers vents que l'on touche sont contraires et le resteront jusqu'au Cap Vert. Seul probleme, en conformite absolue avec la loi de l'emmerdement maximum, c'est que nous avons eu tres peu de vent du sud avant de trouver le potonoir et beaucoup de vent du nord (donc contraire), car nous sommes sortis du potonoir tres rapidement cote nord.
Tout cela fait que nous n'aurons certainement pas assez de fioul pour aller jusqu'au Cap Vert. Alors depuis hier après midi on se tate : tirer des bords en appuyant au moteur, tenter le tout pour le tout CAD baisser les voiles et ne forcer qu'au moteur droit contre le vent, en esperant pouvoir mettre les voiles plus tard, tirer un bord vers est, tirer un bord vers l'ouest ? Bref, je pense qu'on a essaye a peu pres toutes les options, ce qui nous a fait un sacre zig-zag, mais aucune n'etait satisfaisante. Celle qui a ete retenue pour finir, c'est tirer un bord rien qu'a la voile vers ouest, car c'est la moins bruyante pour la nuit et surtout c'est celle qui consomme le moins de fioul.
A l'heure qu'il est, CAD le petit matin, nous avons gagnes 0 milles en direction du Cap Vert depuis hier après midi, par contre nous nous sommes approches de l'Afrique, plus precisement du Liberia. Deja hier Gab envisageait l'eventualite de remonter la cote africaine en cabotant, ce qui n'est pas trop a mon gout, car ca va prendre beaucoup de temps. Rien que pour faire les formalites dans chaque pays, comptons 3 jours pour l'entree et 3 jours pour la sortie sans oublier les pots de vin a chaque fois (il s'agit de pays africains, n'omettons point), il faudrait un mois, car des pays, il y en a : Le Liberia, la Sierra Leone, la Guinee, la Guinee-Bissau, le Senegal, la Gambie et re le Senegal avec Dakar en face du Cap Vert. Vous voyez un peu le trafic ? Dans un an je ne suis toujours pas rentre chez moi ! J'ai donc prevenu que je quitterai le bateau a la prochaine escale, que ce soit le Cap Vert, la Sierra Leone ou autre chose (le vent peut encore tourner), j'aurai fait ma traversee avec une escale, comme prevu, et faire du cabotage en Afrique, je pense de toute facon que Gab preferera le faire en famille.

lundi 31 mars 2014

30.03.14 Dimanche Passage de l'equateur

Bon ca fait quelques jours que je n'ai pas ecrit, et pour cause, il n'y avait pas grand-chose a raconter. Effectivement, depuis 4 jours nous marchons au moteur, car il n'y a pas un pet de vent. On ne pensait pas le potonoir si etendu ! Bien sur ca fait une mer d'huile, juste avec une houle tres calme, qui, coup de chance pour une fois, nous pousse du sud vers le nord, ce qui est tres beau ( les nuages et les etoiles se refletent dans l'eau), mais a la longue un peu ennuyeux. Seul divertissement en 4 jours : Une baleine solitaire, qui a croise notre route et plongee quand on s'est approche de trop pres, deux troupeaux de dauphins, qui n'ont pas pris la peine de venir voir le bateau, et la peche qui continue, a la traine cette fois, nous avons attrapes des Bonites et on s'est regale avec un sachimi tout frais- meilleur il n'y a pas.
Nous nous disons souvent que nous plainions les marins d'autrefois, qui sans moteur, restaient plantes la pendant des semaines ou des mois ! En plus, hormis le manque d'air, il fait tres humide et une chaleur difficilement supportable. Dans la boite de ferraille qu'est le Corco, a midi s'est intenable, et dehors les voiles ne font pas d'ombre. Il y a juste le petit vent de 6 nœuds, que nous creons de par notre deplacement moteur. Alors on a le choix de cuire au four (a l'interieur) ou a la poile (sur le pont).
Pour le passage de l'equateur on a quand même eu un peu d'animation. On etait la tranquille après le sashimi du soir en train de siroter notre whiskey, achete a prix d'or a l'Ascension, expres pour feter le passage de l'equateur, en nous disant que ca ne sera pas le moment le plus memorable de notre periple, quand a 9h30 du soir a un petit mille de l'equateur, devinez quoi, les marins d'autrefois, ca vous aide ?, eh oui, le moteur s'arrete !!! Alors la on et dans le petrin. Sans moteur on peut mettre un mois a passer l'equateur ! Differentes causes sont envisagees, du filet derivant pris dans l'helice au manque d'huile dans l'embrayage hydraulique. Dans un premier temps nous decidons de refaire le plein d'huile de l'embrayage, car plonger de nuit sans lumiere sous le bateau en plein milieu de l'ocean, ca ne nous dit trop rien. Le plein d'huile refait, le moteur redemarre deux fois mais finit par s'etouffer  Mince ce n'est pas ca ! Finalement Gab a la bonne idee de regarder les filtres a carburant, qui ont l'air effectivement bouches. Alors, changement de filtres (il y en a plus a bord, il ne faut pas que cela se reproduise) et c'est reparti pour un tour ! Le moteur redemarre, ronronne et n'a pas l'air de vouloir s'etouffer.
Nous remontons dans le cockpit pour reprendre le frais (dans le compartiment moteur on degouline même de nuit) et pour voir si le moteur tient, tout en se buvant une biere (il faut bien s'hydrater), quand on s'apercoit, en regardant les instruments de navigation, qu'on a passe l'equateur en derivant pendant la panne ! Bon ca vaut bien un deuxieme whiskey, surtout que le moteur a l'air de vouloir tourner. Après ca, gros dodo bien merite, sans autre incident jusqu'au lendemain matin.
Aujourd'hui donc, rien a change : toujours pas de vent, mer plate, chaleur, pas de grain en vue et chose surprenante, houle toujours du sud (on a rien contre, ca nous pousse dans la bonne direction). La par contre on est bien contents, car on sait que les premiers vents qu'on rencontrera seront contraires, et plus on montera vers le Cap Vert, plus ils seront forts, donc plus tard ca arrive, mieux c'est.
Ah si, il y a une chose qui a bien changee, c'est le sens de rotation  du tourbillon dans l'evier !

jeudi 27 mars 2014

27.03.14 Mercredi Ca y est, la malédiction de Poseidon est rompue !!!

Figurez vous qu'en allons voir le mec qui doit nous aider à faire le plein de fioul, nous nous apercevons qu'il vend des fusils et par conséquent des flêches ! 
Mais parlons d'abord du fioul. Oui, nous avons reussi a faire le plein, le trop plein même, mais au prix de quel effort ! Même le vieux loup de mer de Gab n'avait jamais vu ca, même en Afrique. En fait on nous a simplement emmené le fioul sur le quai, perché à 10 mètres de haut. De là, il a fallu remplir des bidons de 20 litres (5 à chaque voyage de notre petit zodiac) et se débrouiller tout seul ! Pas d'autre moyen de faire, ils font tous comme ça ici, c'est à dire qu'il a fallu descendre les bidons à la main en suivant l'escalier raide jusqu'au niveau de la mer (niveau assez aléatoire qui monte et descend de 4 mètres à chaque vague), pour ensuite les charger dans le zodiac, qui non seulement monte et descend, mais qui avance et recule.
La solution : un sur le quai qui passe les bidons au bon moment et un dans le zodiac qui essaye de le maintenir près du quai avec une corde dans une main, et d'attraper les bidons de l'autre. 
Une fois les 5 bidons chargés, le zodiac est plein à ras bord, faut encore que je saute dedans ou plutot sur les bidons, qui commencent déjà à être glissants et on est seulement au premier voyage, et c'est parti pour rejoindre le Corco au mouillage  à 500 mètres de là. Arrivés au Corco, il faut décharger les bidons, pour ca on se débrouille pas trop mal en les hissant un par un avec une drisse, et ensuite transférer le fioul dans les reservoirs et c'est là que le véritable plaisir commence ! Les bidons n'ont pas de bec verseur et en guise d'entonnoir on a decoupe une bouteille plastique. Gab souleve le bidons et verse, tandis que moi, je reste debout dans le zodiac pour être plus bas et mieux prendre la douche, je guide l'ouverture du bidon et tiens l'entonnoir. Au bout du premier bidon j'en ai juste plein les avant bras, au bout du cinquième, j'ai le torse couvert et je vous laisse imaginer notre état au bout du quatrieme voyage, quand le reservoir se met à deborder ! Eh oui, ca arrive, petite erreur de calcul de capacité du reservoir. Nous avons emmené 3 bidons pour rien et devons les ramener et remonter au quai...

Avec tout ça, on est déjà en retard pour le resto et pas encore douchés, et un bon lavage on en a besoin car on est recouvert de diesel qui n'a rien avoir avec le parfum de Paco Rabanne.
Après un décrassage en bonne et due forme, nous nous rendons au resto où l'on nous fait remarquer que l'heure de fermeture est passée depuis une heure et que notre poisson a été vendu à une équipe de cinema ! La malédiction continue ! Au debut, ils ne veulent plus nous servir du tout, mais comme on a sympathisé avec le cuistot qui est seychellois et tout content d'entendre un peu de francais, nous avons quand même droit a un super poulet aux epices seychelloises.

Suite à ce bon gueuleton, balade sur la plage pour voir pondre les tortues. Dommage qu'on ne puisse pas vous envoyer les photos, mais elles sont immenses, il y en a des centaines et elles creusent des trous monumentaux ! Vraiment impressionnant à voir. Il y en a tellement, qu'elles se déterrent les œufs mutuellement et ce sont ces œufs déterrés qui eclosent le lendemain matin, malheureusement pas a maturité. La suite et fin de la soirée se passe au pub avec les copains pecheurs italiens et allemands (il y en a des nouveaux qui ont debarques avec des fusils, heureusement sous-marins, bon pour tuer des elephants - ach ils ne changeront donc jamais !) et l'equipe de cinema. Retour au bateau difficile, mais sans passage a l'eau.Le lendemain nous faisons les formalites de sortie, les dernieres courses, une derniere tentative de reparation du frigo (qui s'avere etre infructueuse), nous sommes presque en retard pour le dernier apero au Pub, et j'ai deja abandonne l'idee d'un coup de peche sous-marine. Pour me rafraichir rapidement, je pique une tete ( avec masque quand même) du bateau et je vois, cachees dans le nuage habituel de balistes, 3 belles Carangues. Vite je remonte, attrape le fusil, replonge, et le premier coup est le bon, la malediction est brise, car ce coup ci j'arrive a ramener mon poisson a bord. On aura de quoi manger pendant deux jours. En plus ce soir ils nous ont promis du poisson a l'hotel et nous ne serons pas en retard (si nous n'abusons point de l'apero). Effectivement, nous sommes a l'heure, surtout pour profiter du seul acces internet de l'ile, mais devinez ce qu'ils nous proposent comme poisson ? du saumon d'elevage !!! Incroyable, avec tout le poisson qui foisonne autour de l'ile, mais comme sa commercialisation est interdite, on importe du poisson d'Afrique du sud ! On a opte pour le carry de poulet bien qu'il doit etre autant gave aux hormones et antibios que le saumon, et c'etait bon, d'autant plus que du poulet, on en a pas a bord, alors que du poisson, si. Dernier petit digestif au bar surtout pour acheter des glacons, dont on va gaver notre frigo inoperant (on fait du froid comme on peut) et le depart est prevu pour le lendemain matin.Au reveil Gab ne peut pas s'empecher de passer encore quelques messages par internet, car il a paye un abonnement de 24 heures hier soir. Comme la connection est archi mauvaise, moi ca ne m'interesse pas , je reste a bord, preparer un peu le depart et la carangue et pourquoi pas refaire un coup de peche, puisque nous ne sommes plus maudits et avons un frigo rempli de glacons. Et effectivement ca marche : un beau merou au bout de deux minutes ! Gab revient assez rapidement et nous mettons les voiles direction le Cap Vert a 1500 milles nautiques, ce qui devrait nous prendre approximativement 14 jours. Les paris sont ouverts, Gab a parie sur 13, moi sur 15 jours. Nous avons un temps assez calme mais tres changeant. Il y a beaucoup de grains qui, sans apporter beaucoup de pluie et de vent, le font tourner quand même et il est difficile de regler le bateau pour qu'il tienne le cap tout seul. La nuit nous sommes reveilles plusieurs fois par des changements de vent et parce que le pilote a perdu le cap.Aujourd'hui c'est a peu pres la même chose, sauf qu'il fait de plus en plus chaud au fur et a mesure qu l'on s'approche de l'equateur (a l'heure actuelle nous n'en sommes plus qu'a environ 300 milles), et qu'il y a de moins en moins de vent au fur et a mesure qu l'on s'approche du potonoir. Il va bientôt falloir mettre le moteur. On en aura pas bave pour rien a l'ascension avec ce fioul.

mardi 25 mars 2014

23.03.14 Enfin l'Ascension


Le Corco, au repos bien mérité


Ca y est, on est enfin arrivé ! Au bout de 24 jours de mer, ca fait un bien fou de voir la terre ferme, de voir des gens, de boire une bière fraiche, de pouvoir se faire chauffer un café sans risquer de se voir projeter sur la gazinière ou de s'ébouillanter !
On oublie vite ce que c'est la vie sans gite et on est tout surpris quand le bateau est droit, qu'on peut poser les assiettes sur la table, lâcher sa tasse ou son verre sans qu'il valdingue à la figure du copain … Bref, on apprécie les choses très simples de la vie.

A l'heure qu'il est, nous passons notre deuxième nuit au mouillage et franchement, on est bien. Mais commençons donc par notre arrivée.
Le sprint final pour rejoindre l'ile n'a pas été du gâteau : 30 heures toutes voiles dehors, moteur à fond au prés serré, enfin ça bastonnait comme j'aime, m'enfin une ou deux heures m'auraient suffit ! Bien nous en a pris quand même, car nous avons jetté l'ancre pile poil à la tombée de la nuit en ayant constatés que les manuels de navigation disaient vrai : une arrivée de nuit a l'Ascension est impossible ! Non pas qu'il y ait une barrière de corail, mais il y a un pipeline flottant, une flottille de petits bateaux sur corps-morts non éclairés, pile dans l'axe d'approche pour éviter les rochers et d'autres petites chicanes qui nous auraient planté de nuit à coup sur.

De jour, avec le soleil couchant dans le dos en plus, nous avons pu facilement déjouer tous ces pièges et mouiller tranquillement devant une superbe plage de sable blanc, la plus grande de l'ile et tout prés de la grande capitale, Georgetown.

La manœuvre terminée, nous contactons les autorités pour débarquer, nous disant qu'on va se jeter une bonne bière bien fraiche et se faire un gueuleton au riz local, mais notre joie est de courte durée. Il est samedi soir, les fonctionnaires britanniques ne sont plus de service et nous sommes consignes à bord jusqu'au lendemain.
Ach, ça ne rigole pas avec le règlement, les British !
Bon, ce n'est pas bien grave, nous allons profiter de notre nouveau luxe de vie sans gite et nous cuisiner un bon petit plat sans se faire agresser par la cuisinière a gaz et on a encore du vin rouge et du coca (chaud) à bord. (inutile de vous préciser pour quelle boisson nous avons opté)…
Le lendemain donc, après avoir rappelé les autorités (ils nous avaient oubliés, normal, on est dimanche et on est sous les tropiques), nous obtenons un rendez vous avec la capitainerie, la police pour l'immigration ne sera ouverte que demain, mais on s'en fout, on peut débarquer.

Pas si facile ! Il n'y a pas de jetée qui abriterait le débarcadère, juste un quai de 10 mètres de haut avec une échelle mais qui se prend la houle de plein fouet, alors le pauvre zodiac monte et descend de quelques mètres a chaque vague le long de l'échelle si on a de la chance et si on en a pas, il s'en éloigne juste au moment ou l'on saute ! Bon, on arrive quand même à débarquer pas trop mouillés (n'oublions pas qu'on a les passeports et tous nos papiers sur nous). Après il faut encore traficoter avec des bouts pour éloigner le zodiac du quai tout en pouvant le récupérer plus tard. Nous nous demandons comment ils font pour se faire ravitailler sur l'ile, parce que la, pour décharger quoi que ce soit, c'est mission impossible ! Nous aurons la réponse plus tard, en fait le ravitaillement se fait surtout par avion (4 vols militaires hebdomadaires sur l'Angleterre), pour le fioul, c'est par le pipeline flottant (le bateau reste au large) et pour le reste il y a des barges qui peuvent s'échouer sur la plage par temps calme. Du coup on est un peu inquiets pour notre ravitaillement en fioul à nous, car on ne voit pas trop comment ça va pouvoir se faire et surtout combien ça va couter, car ça ne sera de toute façon pas simple. Nous verrons cela demain en même temps que l'immigration.

En montant l'échelle nous tombons donc : sur des êtres humains, de deux sortes !
Deuxièmement, des métis avec des dents en avant et écartes, mais qui se déplacent normalement en mettant un pied devant l'autre (voir l'article précédent sur l'hypothétique apparence des Ascensionnistes). Ils ont l'air étonnamment peu dégénérés, pour une population de seulement 800 personnes qui vit en autarcie en plein milieu de l'Atlantique depuis 200 ans et sont très sympas.
Premièrement, des blancs de blancs avec des coups de soleils pas possibles et qui parlent italien. On se dit qu'il faudra vraiment se calmer sur le rouge ! Ils sont en train de peser et de découper des thons et autres poissons gros comme des maisons et la logique nous revenant, nous comprenons et d'un, pourquoi nous avons cassés toutes nos lignes de traine, et de deux que c’est une bande de copains accros à la pêche au gros qui ont fait le voyage depuis l'Italie, parce que l'Ascension et le spot numéro 1 mondial pour la pêche au thon.

Après un bon moment de bavardage sur le quai en italo-franglais, nous faisons nos formalités à la capitainerie, ce qui nous prend 5 minutes et nous voila partis à l'assaut de la mégalopole de Georgetown. Malheureusement c'est dimanche et tout est fermé, sauf quand même le pub ou il y a de la bière fraiche et ou ca danse -ach les tropiques, quelle ambiance !

Ayant résisté jusque là aux cigarettes,
voila que je ne tombe pas sur un anglish complètement bourré qui m'offre son paquet avec le briquet en prime ! Et voila que je suis retombé dedans ! Seule issue : se barrer de la le plus vite possible sans embarquer de cigarettes !

Après un petit tour en ville, retour sur le bateau pour dessaouler et en ce qui me concerne, enfin essayer le fusil sous-marin du Gab. J'ai appris que la pêche commerciale est interdite a l'Ascension et dans ces eaux territoriales. C'est pour ça que ça foisonne de poissons. De plus, comme il pleut rarement (l'ile est assez aride), il n'y a pas de rivière, pas d'alluvions, l'eau est cristalline.

En arrivant hier soir il s'est formé immédiatement un banc de balistes sous le bateau, et au quai, quand les italiens ont vidé leurs poissons, il y avait un nuage noir de poissons qui se jetait sur les restes. Après une courte sieste je monte donc la toute nouvelle flèche sur le fusil et me voila parti a l'eau. Je n'arrive malheureusement pas à voir le fond, car un nuage de balistes m'entoure. Ils ne sont pas bien grands et de toute façon, ce n'est pas très bon à manger, mais il ne faudrait pas qu'ils me prennent pour un reste de poisson ! Ca ne manque pas, en voila pas un qui me mord le teton ce con ! Encore heureux que j'ai mis un maillot de bain ! Après une bonne cinquantaine de coups de pointe de fusil, j'arrive à les tenir a distance respectable quand même. Par contre, je me demande si j'arriverai à ramener un poisson harponné jusqu'au bateau. Qui ne tente rien, n'a rien. Je plonge donc et après la deuxième apnée j'arrive à tirer un magnifique Chirurgien qui nous aurait fait manger pendant deux jours. Aurait, parce que tir imprécis ( j'ai perdu la main depuis le temps) je ne l'ai donc pas tué sur le coup, matériel vieillissant et malédiction de Poséidon, la corde qui relie la flèche au fusil se rompt quand le poisson démarre ! Il se barre donc loin avec la toute nouvelle flèche !
 

Terminée la chasse sous-marine. Je ne pense pas qu'on va trouver une nouvelle flèche sur l'ile. Mis à part ça, j'ai quand même vu pleins de choses sympathiques sous l'eau, notamment des tortues géantes ! Ah oui, je ne vous ai pas dis, l'attraction principale de l'Ascension, ce sont quand même ses tortues marines qui viennent pondre sur la plage juste en face de notre mouillage et c'est en ce moment en plus ! Demain nous irons sur la plage pour voir des œufs éclore, magnifique non ?

Bon je vais abréger un petit peu, car il est déjà 3h du matin et les enclosions c'est au lever du jour, alors si je veux dormir un petit peu…

Après la pêche maudite, nous sommes retournés à terre pour enfin nous faire notre gueuleton au restaurant (le seul de l'ile), sans oublier de prendre l'apéro dans notre pub préféré (le seul de l'ile). Comme nous n'avions pas réservés, on ne pouvait avoir que du steak (d'Afrique du sud, excellent soit dit au passage), mais ni poisson, ni langoustes. La malédiction de Poséidon continue !
Je pense qu'on sera les seuls mecs au monde à avoir passé plus d'un mois en bateau sans jamais avoir mangé du poisson !