lundi 9 février 2015

Sao Nicolau, Santa Luzia, Sao Vicente y Santo Antao



Avec l’arrivée de Pitoune, Vévé et leur jolie Lula – qui n’a rien du poulpe, traduction locale de son beau prénom – et le retour de Gab, c’est les vacances de Noël qui se dessinent avec au programme navigation dans les îles du nord du Cap Vert, et marche au paradis de la randonnée : San Antao.
           

Nina fête ses 4 ans, et les grenoblois prennent plaisir à nager dans les belles eaux de Tarrafal …


Après un petit tour au marché, on remplit les cales du bateau de foie gras, fromages, chocolat et autres bonnes choses ramenées de France et de Suisse, et c’est parti pour 150 miles direction nord-est vers l’île de Sao Nicolao, où l’on réveillonne sur la plage, avec une vingtaine de voileux rencontrés au mouillage, dont un équipage de clowns.

Entre Hibiscus et Mektoub, le Corcovado se trouve en bonne compagnie …
Avec des envies de plongées et de randonnées dans les têtes, on laisse Sao Nicolau presque Terra Incognita pour nous, pour tracer vers Santa Lucia puis Santo Antao ;
Santa Lucia, petite île inhabitée et dont les eaux sont classées en réserve … Plongée oblige donc dans ce coin du monde où l’on se retrouve avec à nos cotés Hibiscus et Mektoub ;
On fait également de nouvelles rencontres comme seule l’offre la vie à travers les océans : Goudis, un « personnage » dans ce monde de la voile, une sorte de Moitessier, un survivant d’une époque qui semble si lointaine, du temps où la terre et les mers n’étaient pas si peuplées, même si paradoxe oblige, notre homme adore les femmes et se porterait sans réfléchir volontaire pour semer quelques graines … 

Les photos de Vévé à Santa Luzia ?



Moins choc mais bien trempé aussi, les propriétaires de Yu Min qui nous accueillent à bord pour un thé chinois et une visite des lieux : Yu Min, anciennement Barbachante, une coque nue transformée en beau voilier par un trio de choc vivant aujourd’hui à Servian (que le monde est petit); alors on est heureux de le visiter ; c’est comme si on rencontrait une part d’eux car il y a sur ce bateau une bonne part de leur trois cœurs, quelques doigts de leurs six mains, et des milliers de leurs souvenirs !
C’est chouette de voir les nouveaux propriétaires s’excuser d’avoir fait quelques modifs dans le bateau, respectueux de la passion et du travail de Daniel et c’est chouette de voir ces « grands-parents » naviguer avec, comme voisins de mouillage, leur fille et son compagnon, qui viennent de s’acheter leur premier bateau, et vont se faire cette traversée « en famille » heureux d’avoir transmis le gène de l’aventure !
Nous partons à la découverte de la côte nord de l’île pour une chasse au trésor : os de baleine, de dauphins, ambre, coquillages rares, sous l’impulsion de Goudis et son pote au passé tout aussi rempli – Gab et lui finiront par se rendre compte … après une soirée bien arrosée (comme quoi l’alcool ne fait pas que ramollir les méninges) qu’ils se sont rencontrés en 2001 à Port Suez pour une bière à bord d’Errance, l’ancien bateau de Gab.
Voilà ce que nous découvrons sur cette côte déserte, au vent : quelques jolis ossements, mais surtout, des montagnes de déchets, et un sable multicolore, composé de paillettes de plastiques rouge, vert, bleu, blanc … c’est hallucinant et désolant !
 On découvre aussi des sortes de concrétions de sables qui ressemblent à des branchages et qui présentent une certaine solidité… après maintes suppositions, on comprend le phénomène : Le sable se colle autour de racines de plantes et lorsque les plantes meurent, le végétal disparaît et reste ce sable … dommage que la solidité de la structure ne résiste pas à un voyage en sac à dos entre os, bouées de pêcheurs et coquillages … nos trésors trouvés en fouillant les poubelles, euhhhnon, les kilomètres de plage d’une île déserte !

Après ces quelques jours en pleine « nature », direction Mindelo, capitale culturelle du Cap Vert. Entre les deux îles, alors que nous naviguons au moteur, car passé l’île et ses rafales de thermiques, c’est la pétole, nous croisons un groupe de globicéphales, au moins une vingtaine d’individus, à la peau noire et à l’allure tranquille, grosse tête (oui, des globicéphales) et petit aileron dorsal. On tourne autour d’eux mais ils restent prudents et nous gardent à distance ; Tant pis, on ne fera pas plus ample connaissance car le vent forcit d’un coup, et on peut retrouver une belle allure toutes voiles dehors.
Mindelo, sa marina, sa ville, un peu plus jolie qu’ailleurs c’est vrai, et sa musique. On a la chance de tomber sur un petit concert dans la rue … alors on danse !

On laisse le Corco à l’ancre et on embarque sur le ferry – une petite heure de nav – pour le sanctuaire de la randonnée : l’île de San Antao … On atterrit sans trop savoir pourquoi au sommet de l’île, à Espongeira … un tout petit hameau où un français Alain, a monté une petite pension. Du fait de notre position dominante, on découvre les vallées dans le sens de la descente ; pas forcément ce qu’on préfère passé 40 ans !!
Mais les lieux sont magiques, et l’on découvre un travail de fourmis titanesque mené par les petites gens de ces coins si isolés : les chemins et route sont tous pavés, et les vallées dessinées de milles minuscules terrasses en pierre sèche irriguées et cultivées … si les gens de Tarrafal nous ont paru plutôt peu enclins au boulot, on comprend ici la réputation de travailleur qu’on les capverdiens !




Nouvel An oblige, nous retournons à Mindelo le 31 au soir pour retrouver la bande des boat people avec qui on s’enfonce dans la foule.  La rue principale de Mindelo est noire de monde, et ça boit et ça danse sous les watts écrasants d’une musique - ni traditionnelle, ni festive, ni rythmée. Le ponch, l’alcool local, sorte de gnôle de canne à sucre pas forcément très bonne mais pas chère – 1,5 € le demi litre, coule à flot. On se fond dans la masse, emportés par des danseurs qui ne tiennent pas tous la route, mais dont il est parfois dur de se défaire, et on réveillonne jusqu’à 5h du matin, laissant derrière nous tout Mindelo qui n’a pas du tout l’intention de se coucher, ainsi que Pitoune et Vévé, touchés par la grâce qui d’un danseur de 70 ans, qui du grog et de l’ambiance délétère des vacances ! 
un p'tit feu d'artifice sous contrôle ... c'est pas tous les jours le 01 aôut !
Elle est pas heureuse, ma cop's ??




Au ponton, 5h du mat donc, on tombe sur Victor, le jeune équipier de Gab qui a fait la traversée Nouvelle Zélande – Chili avec lui. Il arrive des Canaries avec son premier bateau, et espérait débarquer un peu plus tôt dans la soirée … dommage, on aurait eu une raison de plus de fêter ce jour !
La musique s’arrête vers 8h du matin, alors que le soleil est déjà haut, et c’est là qu’on regrette d’avoir des enfants après une si petite nuit ! Certains regrettent le verre de trop, mais c’est une bonne chose pour prendre de bonnes résolutions pour la nouvelle année !
Toute la ville est comme morte … alors on comate nous aussi, un peu d’internet, un petit apéro sur Mektoub avec Fatia, François et Moana, une grosse sieste, puis on s’échange les adresses entre bateaux … tous partent pour la traversée de l’Atlantique, et nous pour Tarrafal !
c'est presque l'Afghanistan ...

les femmes d'un coté, les hommes de l'autre