mardi 15 octobre 2013

Premiers pas au Brésil


Samedi,12 octobre. Bien que ce soit une journée en mer, avec pas grand-chose qui se passe (pas de poisson péché, pas de passage à eau - je ne vais pas vous faire le coup tous les jours quand même, mes affaires n'ont toujours pas séchées d'ailleurs), j'écris quand même car ça fait passer le temps.

Je suis toujours debout sur l'escalier de la descente, mais comme c'est calme plat, c'est moins inconfortable. Eh oui, le vent est complètement tombé, et nous avançons de nouveau au moteur. Le soleil n'a pas réussi à percer de la journée et en ce moment, c'est à dire 3h de l'après-midi, il y a une purée de poix qui s'est installée, et qui n'a rien a envier aux meilleurs films d'épouvante.
On s'attend à tout moment à voir surgir le Hollandais volant sur son vaisseau fantôme à 10 brasses devant nous, car on ne voit pas plus loin ! C'est la raison pour laquelle je suis installé derrière l'ordi de nav, car par-dessus, je vois l'avant du bateau et quelques mètres plus loin, pendant que Gab, visiblement beaucoup moins inquiet du Hollandais volant, fait la sieste dans sa cabine. On va arriver au Brésil à la nuit tombée et avec du brouillard, va falloir faire gaffe...

En attendant de voir et de vous donner à voir les paysages du Brésil, une petite photo de dentisterie sauvage sur un chantier naval à Buenos  Aires. 



En fait il s'agissait juste de diagnostiquer une future rage de dent chez un copain qui descendait dans le grand sud, et de lui conseiller de la faire dévitaliser avant son départ.
Rassurez vous, vu l'équipement dont je dispose, je ne suis pas allé jusqu'à faire ça moi-même !


Dimanche 13 et lundi14 octobre. Heureusement qu'on a fait gaffe, car à la place du Hollandais volant, on a vu surgir le Brésilien saoul ! A l'entrée du chenal qui mène dans la lagune et à la ville de Rio Grande, un bateau (on pense même que c'était un bateau militaire) nous a foncé droit dessus ! Nous avons évité à droite, comme c'est la règle, et lui à gauche ! Heureusement que le Gab a de bons reflexes et a reviré à gauche au dernier moment, sinon c'était la collision quasi frontale ! Ce qu'on a pas compris, c'est que le bateau sortait de la lagune et après nous avoir fait son coup de cochon, a viré à 180° en frôlant la digue du chenal, et nous a suivi pendant un bon quart d'heure. Du coup, on pensait vraiment avoir à faire à des pirates ! Mais, bon au bout d'un quart d'heure, il nous a quittés, et nous, on s'est mis à l'ancre dans un coin tranquille. Fin de la veille ...

Le lendemain, toujours purée de poix, pire que la veille. Nous déjeunons tranquilles et ça se lève un peu, en tout cas suffisamment pour qu'on puisse envisager une entrée dans la lagune. Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de fond et un grand port industriel avec un chenal dragué assez étroit et beaucoup de gros bateaux.
L'approche se passe bien et le soleil commence à faire son apparition. Nous longeons le port industriel jusqu'à la ville de Rio Grande où nous trouvons le Yacht Club devant lequel nous jetons l'ancre. Le temps de mettre les housses de voiles, il y a un mec qui nous appelle d'un ponton voisin et on se dit que les emmerdes administratives commencent. Je mets l'annexe à l'eau pour voir ce  qu'il nous veut. Heureuse surprise, c'est le directeur du musée océanographique, jouxtant le Yacht Club, qui nous invite à nous mettre à quai devant le musée, et gratuitement en plus ! 


Après le repas de midi et une bonne sieste, suivant son invitation, nous nous mettons à quai et faisons le tour du parc du musée. C'est assez sympa, il y a même un centre de soins pour animaux marins, payé par Petrobras (vu le nombre qu'ils intoxiquent, ils peuvent bien en soigner 2 ou 3), et c'est surtout archisécurisé avec des gardes armés de partout. Nous qui avions peur de la fauche au Brésil, nous voilà rassurés.

Plus rien ne s'oppose desormais à un petit tour en ville. Elle n'est pas belle mais rigolote quand même, avec ses blocs de béton modernes et des constructions plus anciennes que je qualifierais de néoclassiques portuguais, toutes peintes de couleurs vives, plus ou moins défraichies. Malheureusement c'est dimanche et tout est fermé. Au bout d'un moment, nous tombons sur une bande de musicos-alcoolos à laquelle nous demandons un bar ouvert pour au moins boire une bière.

Enchantés ils nous accompagnent, à condition de leur payer un coup, bien sur. Ils ont tous le type brésilien, sauf un, blond aux yeux bleus. Baumgartner (prononcé à la brésilienne, c'est encore plus rigolo qu'à la française), il s'appelle, et c'est son grand-père qui a migré au Brésil (on se demande pourquoi). Par contre il ne parle pas un mot d'allemand ni d'anglais, ni d'espagnol, tout comme ses compères (ach, il aurait du garder les coutumes), et la discussion tourne rapidement court. Nous laissons donc nos amis à leur alcoolisme et continuons notre chemin pour trouver un endroit avec Wifi pour communiquer avec la France et l'Allemagne, pays où on nous comprend mieux, et surtout pour prendre des nouvelles de la météo marine.

Pour ce qui est de la météo il y a toujours un anticyclone au milieu de l'Atlantique, qui nous envoie du vent de nord-est nous barrant la route vers le Cap vert. Nous rentrons au bateau un peu déçus. Chemin faisant, nous croisons notre directeur de musée qui nous invite chez lui. En fait, il habite au musée, et son bureau, c'est son salon.

Personnage intéressant, il parle couramment l'anglais, a passé 2 ans à travailler au Senkenbergmuseum de Francfort, ce qui nous rapproche pas mal, et était responsable de la base de recherche du Brésil en Antarctique jusqu'à ce qu'elle ne brule il y a 2 ans. Nous passons un bon moment à discuter, après c'est repas et dodo à bord.

Mardi, 15 octobre. Jour férié, devinez pourquoi ! Si je vous dis 1492, ça vous aide ? Bien sur, la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb ! Donc il y a de nouveau rien qui se passe en ville et Gab, comme à chaque fois qu'il n'y a rien à faire, se met à bricoler sur le bateau avant même d'avoir fini son café du petit dej.

Ca nous prend bien bon toute la matinée et nous n'avons pas fini lorsque les anglais, seuls visiteurs à part nous, sur un ponton à coté débarquent. C'est un coulpe so british, d'une soixantaine d'années avec une histoire passionnante, tellement passionnante, que ça nous prend tout l'après-midi et toutes nos bières. Ok, ils ont cassé la baume de leur grande voile la nuit précédente en navigation, mais ça, ça arrive à d'autres, mais il ont également navigué dans l'océan indien, aux Sechelles, ou ils ont été pris en otage par des pirates somaliens pendant 13 mois... Ils en ont même écrit un bouquin
Incroyable, les gens qu'on peut rencontrer en traînant sur les pontons !

Comme Gab n'est pas très à l'aise en anglais, nous ne les avons quand même pas gardé pour manger le soir, déjà qu'ils nous avaient sifflé toutes nos bières. Alors, on fini nos bricoles, un bon repas et redodo...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire