mardi 4 mars 2014

Enfin des nouvelles

28 .02.2014, vendredi
Allez comme tous les soirs après le coucher de soleil (il ne faut pas le rater celui-là, car il est trop beau en mer), je me fends de quelques lignes. J'avais peur de n'avoir rien à raconter, mais finalement, pas mal de choses se sont passées.Tout d'abord j'ai décidé d'adhérer à un syndicat en rentrant en France. C'est vrai quoi, l'exploitation des travailleurs ça ne peut plus durer ! Après avoir fait un quart de nuit, je me fais réveiller par Gab à 7h du matin pour lancer le spi, sans le moindre café ni rien ! Mal réveillé, je me mets à l'œuvre, et en 10 min l'affaire est réglée. Après quelques autres manœuvres pour établir le meilleur cap pour la journée, car le vent a tourné et forci, je me fais enfin chauffer mon café. J'en ai bu une gorgée, quand le spi se déchire d'un seul coup de haut en bas ! Pas de panique, on en a un autre et celui là c'était l'ancien que Gab voulait user jusqu'au bout avant de sortir le nouveau. Eh bien, il n'aura pas mis longtemps à l'user et moi, je ne suis pas près de boire mon café ! Il faut sortir le spi déchiré de l'eau avant qu'il ne passe sous le bateau, le ranger et mettre le neuf en place.,ce qui ne devrait pas poser trop de problèmes. Un spi tout neuf, ça marche tout seul. Sauf que ces couillons de fabricants ne savent pas faire des nœuds de chaise et qu'il reste coincé à moitié hissé car le bout qui permet d'enlever la chaussette s'est défait ! Résultat des courses, il faut le redescendre, étaler le spi sur le pont (pas facile car il est plus grand que le pont) et renfiler ce fichu bout tout le long de la chaussette. Je vous passe les détails de la deuxième tentative pour hisser le spi, mais ça ne marche toujours pas, parce que le bout et mal passé ! Allez rebelote, que je te le redescends, que je te le ré étale et que je te fasse repasser ce bout. La troisième tentative sera la bonne. Pendant ce temps (quand même 3 heures) le vent a encore forci et comme il et quasi arrière, le bateau tangue beaucoup et mon café, archifroid de toute façon, s'est renversé ! Tant pis pour le café et vive la CGT me dis-je, je vais passer à la bière car c'est l'heure de l'apéro. Je descends avec difficulté au frigo (il est quiché dans l'étroit compartiment moteur et impossible d'atteindre sans se cogner de partout, surtout quand ça bouge, or on s'est déjà fait quelques bleus avec les manœuvres de spi) et ressors de la cabine en ouvrant ma bière juste au moment ou il y a uns superbe touche sur une des lignes de traîne. Gab ne peut pas s'en occuper, car notre nouveau spi est plus gros que l'ancien et que le vent n'arrête pas de monter, nous sommes donc surtoilés et ni le régulateur d'allure, ni le pilote automatique arrivent à tenir le cap. Il est donc occupé à la barre. A contrecoeur je pose ma bière, qui ne manque pas de se renverser dans la seconde qui suit et me dirige vers l'arrière du bateau. Trop tard, ça a du être un belle bête, car le leurre est coupé, ce qui a pour effet que les deux lignes que j'ai mises se sont emmêlées ! Je passe une bonne  heure à démêler tout ça, remettre un leurre etc. et quand je veux les relancer à l'eau, une des lignes se prend dans l'éolienne qui tourne à plein régime ! La ligne s'enroule autour de l'axe au moins une centaine de fois avant de bloquer la machine ! Je suis quitte pour monter sur l'échelle arrière (celle qui m'avait envoyé à l'eau l'année dernière) avec un couteau pour redéméler tout ça ! Re une demi heure après c'est fait. J'abandonne la ligne récalcitrante et mets l'autre encore en bon état à l'eau tout en trouvant encore moyen de tomber un sandow à la mer. Là je me dis que ça suffit et je vais m'asseoir dans le cockpit pour enfin apprécier la vitesse du Corcovado -avec une bière en guise de petit déjeuner à 4 heures de l'après midi ; vive FO !
Entre temps Gab a trouvé moyen de contrôler le bateau en se servant et du pilote et du régulateur d'allure, tout en le surveillant de près quand même. C'est vrai que nous filons : Des pointes à 10 nœuds ! Nous pourrions rivaliser avec des bateaux de course. Qui eut cru le Corco capable de ça ? Malheureusement il va falloir rentrer le spi pour la nuit, car c'est trop dangereux. Il force tellement qu'il a trouvé moyen de nous casser un bastingage avec son écoute. Pour le rentrer on est obligé de s'y prendre à deux (j'ai essayé tout seul, mais j'ai failli m'envoler avec, ce qui m'a valu quelques égratignures supplémentaires). A sa place nous avons envoyé le génois et nous filons toujours à 8 nœuds ! Gab est allé se coucher (sans manger, comme à son habitude ; je devrais plustot vous préciser quand il remangera) et j'ai pris le premier quart de nuit pas très tranquille car il y a un orage qui nous envoie plus de 30 nœuds de vent dans les fesses. Il va bientôt nous rattraper et j'ai l'impression qu'on est toujours surtoilés.
Sinon résumée de la journée : Pas mal de pertes : 2 leurres, 1 ligne de traîne, 1 spi, 1 bastingage, quelques centimètres carré de peau, mais qu'est ce qu'on a avancé !!! Je sens que le Gab va gagner son pari !

1.3.14
Aujourd'hui, suite à notre dure journée d'hier, nous n'avons strictement rien foutus. C'est Eole qui a travaillé à notre place et tellement bien que nous n'avions simplement rien à faire, à part regarder le Corco avancer. En effet  nous avions un vent constant de 25 nœuds de ¾ arrières, ce qui fait que notre réglage pour la nuit précédente était parfait. Nous avancions tranquillement à une vitesse de 8 nœuds, ce qui est largement suffisant pour le Corco, on ne va quand même pas le forcer tous les jours, il faut qu'il nous dure encore un petit peu.
Bref, c'était parfait, merci Eole, tu nous remets ça quand tu veux. De plus, nous avons changé de cap et allons un peu plus nord maintenant, toujours insuffisamment pour toucher le Cap Vert, bien sur, mais pour éventuellement toucher l'Angola si nous continuions notre route ainsi.
Grande nouvelle du jour (non je n'ai toujours pas péché de poisson), Gab s'est remis à manger ! Eh oui, ça fait déjà 3 jours que nous sommes en mer et l'appétit lui revient. Il était temps, j'avais peur qu'il me tombe des os, celui là.
Grande nouvelle de la nuit, il est 2 heures du matin et nous venons de franchir le 30ème parallèle sud. L'eau commence à devenir franchement chaude (depuis hier déjà elle est plus chaude que l'air venant du sud) et on sent que l'on s'approche des tropiques.
Cette nuit le vent est tombé et  la houle s'est calmée. Nous n'avançons plus qu'à 5 nœuds, mais pouvons contrôler le bateau avec le seul régulateur d'allure. Ca a permis à Gab de couper le pilote automatique, dont le bruit de pompe hydraulique lui cassait les oreilles et l'empêchait de dormir dans sa cabine arrière. Je pense qu'on aura une fin de nuit très calme et qu'on se lèvera tôt demain pour remettre le spi, car avancer à 5 nœuds c'est bien beau pour la nuit, mais n'oublions pas qu'on a encore un bon paquet de chemin à faire !

2.3.14 Dimanche
Le jour ou Eole nous envoie la pétole. N'exagérons rien, nous avons quand même eus un tout petit peu de vent ; si bien qu'on a ressorti le spi pour toute la journée. Cela nous a permis d'avancer tranquillement a 6 nœuds, toujours en est sud est. Avec le peu de vent la houle s'est bien calmée et nous n'avions besoin que du régulateur d'allure pour diriger le bateau. Du coup, c'était journée club med ! Grand beau temps, pas un bruit désagréable genre moteur ou pilote auto, bronzette et lecture sur le pont. Gab a même poussé jusqu'à prendre un bain en se laissant trainer derrière le bateau (moi, avec mes cicatrices, je n'ose pas encore de me mettre dans l'eau de mer). Il nous manque " juste "  les nanas ! En fin de journée nous avons quand même rentré le spi et nous nous sommes amusés à bien régler le bateau en plein vent arrière avec les voiles en ciseau et le génois tangoné, allure que nous avons gardé pour la nuit, sauf que là (à 2 heures du matin), il n'y a quasiment plus de vent et nous n'avançons plus qu'à 2 nœuds. Gab dort comme un loir (Il nous a fait un risotto au champignons du feu de dieu ce soir, que nous avons accompagnés d'un bon petit vin) et je ne vais pas le réveiller en mettant le moteur. Seule fausse note de la journée (à part le manque de nanas) : les messages internet par sailmail ne passent plus et ce depuis plusieurs jours, alors on se dit que nos familles, habituées à des nouvelles quasi journalières, doivent s'inquiéter un peu, pendant que nous on se fait des gueuletons.

3. 3.14 Lundi
Journée assez monotone, 2 nœuds de vent, insuffisants pour avancer à la voile, toute la journée. Bien sur le ciel est bleu et l'océan encore plus, mais nous on s'inquiète pour le fioul ! Encore une journée où il faudra avancer au moteur, ce qui nous laissera plus que 5 jours d'autonomie et la route est encore longue ! Alors à défaut de manœuvrer, on s'occupe comme on peut : lecture et sieste (qu'est ce qu'on peut roupiller !).
Il n'y a que le soir à 8 heures qu'une petite brise se lève et tout contents nous sortons toutes les voiles et arrivons à avancer à 6 nœuds toujours en est nord est. Plus de bruit moteur, ni de pilote automatique, nous nous réjouissons de pouvoir passer une nuit calme. Elle durera jusqu'à 2 heures du matin, moment ou le vent tombe et les voiles se mettent à battre en nous réveillant.C'est vrai qu'on avait encore bien roupillé ! Alors on rentre la voilure, on remet le moteur et on va se recoucher.

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