15 février, ou ce qui
correspond coté hémisphère nord à notre 15 aout: 7° dans la cabine, 5° dehors,
et il est quand même 9h du matin: ah … l’été austral !! Seul les descendants d'québécois s'y risqueraient en culotte !
Depuis Puerto Natales, les jours s’écoulent comme la pluie et les cascades qui tranchent la roche de toute part. Heureusement, on parcourt tous ces magnifiques coins du bout du monde le vent dans le dos, et le Corcovado avance bien, les voiles en ciseaux et le capitaine fier de sa monture !
Nous descendons encore sud, en route vers le canal Beagle. Bahia Desolada, canal Ballanero. On mouille dans une caleta sur l’isla del Medio, déjà occupé par un bateau de pêcheurs. Mais il y a de la place, et on s’endort tranquillement. 5 heures du mat, un gros coup sur la coque … oh non … il va falloir sortir de sous les couvertures, s’habiller, se geler les mains sur les bouts froids et mouillés, … mais non, pour nous, tout va bien, c’est le bateau de pêche qui a bougé et vient taper contre notre coque … en jouant sur la longueur de nos amarres, on s’éloigne d’eux histoire de « finir » notre nuit sans stress !
Les deux bras du Beagle se rejoignent. Nous sommes dans les 55° sud, les températures sont vraiment basses et les sommets se poudrent de neige chaque matin plus près de nous et du niveau de la mer …
Ushuaïa et Puerto William ne sont plus qu’à quelques dizaines de milles, les papiers du bateau ne sont en ordre que jusqu’au 19 février, et nous n’avons pas déclaré Kelig ... alors, vu que nous avons tous besoin (et on en rêve) d’une bonne douche chaude après ces trois semaines de chaussettes mouillées, on se fait une grosse journée de navigation, avec toujours ce vent arrière soutenu que l’on capte les voiles en ciseaux … A nous Puerto William, et les problèmes administratifs ???
Depuis Puerto Natales, les jours s’écoulent comme la pluie et les cascades qui tranchent la roche de toute part. Heureusement, on parcourt tous ces magnifiques coins du bout du monde le vent dans le dos, et le Corcovado avance bien, les voiles en ciseaux et le capitaine fier de sa monture !
Depuis Puerto Natales à
Puerto William, quelques 500 miles entrecoupés de mouillages tous uniques, avec
quelques petites anecdotes:
Puerto Profundo à l’entrée du canal Magellan où des pêcheurs nous jettent sur le pont en pleine navigation, trois beaux merlus, contre six bières !
Puerto Profundo à l’entrée du canal Magellan où des pêcheurs nous jettent sur le pont en pleine navigation, trois beaux merlus, contre six bières !
Au mouillage sur l’Isla
Tamar, on se réveille en pleine nuit car notre ancre ne tient pas, et on
veillera jusqu’à l’aube pour lever le camp et s’enfiler dans le Magellan.
Ambiance magique, chargée d’histoire et hostile avec une grosse houle et des
vents de 30 nœuds par l’arrière, un ciel qui touche la mer, métallique, entre
l’écume des vagues qui déferlent …. près
de 500 ans ont passés depuis que Magellan l’a « découvert » !
Dans la caleta Notch, sur
les rives du Magellan, les vents se déchainent en pleine nuit, le Corcovado se
bat, évite, bien tenu par des amarres à terre, mais une rafale retourne notre
dinguy comme une crêpe, moteur dans l’eau, et matos au fond de l’eau … et on ne
s’en apercevra qu’au petit matin.
On continue la descente
dans le canal Magellan : canal Tortuoso, bahia Mussel sur l’île Carlos
Tres où l’on ne désespère pas de voir des baleines … Notre machine-à-envoyer-des–mails-via-la-radio
nous lâche définitivement après plusieurs jours de pétouillage. Alors, pour
éviter à nos chers familles et amis de longues nuits d’insomnies voire des ulcères
d’estomac, nous nous déroutons vers Punta Arenas pour faire passer l’info.
Mouillage à Bahia Mansa, à
quelques encablures de Puerto del Hambre, le tristement célèbre campement où le
royaume d’Espagne a voulu y fonder une ville. Sous le commandement de l’amiral
Sarmiento de Gamboa, 25 navires quittèrent l’Espagne en 1581, avec à leur bord
des milliers de gens représentant tous les corps de métier et un royaume en
kit (dixit J.Raspail dans Adios, Tierra del Fuego).
Après un voyage de plus de
2 ans qui compta des désertions, mutineries, rivalités, tempêtes, rendez-vous
manqués, abandons, trahisons, retards, fortunes de mer, c’est seulement 5
navires qui jetèrent l’ancre dans le détroit de Magellan, et y débarquèrent cinq
cent colons, parmi lesquels trente femmes et vingt-trois enfants. Trois ans
après, il ne restera qu’un seul survivant, tous seront morts de faim, mangés aussi
par le froid, l’humidité, le désespoir, la folie.
Après une journée à Punta
Arenas que nous atteignons en stop car le mouillage est à quelques 70 km (mais
l’autostop, ça va beaucoup plus vite que la voile !!), on remet le cap
plein sud direction le canal Magdalena. On mouille dans le Seno Chico, avec une
session pêche aux glaçons ! Rien de tel qu’un petit Iceberg dans son verre
de blanc, par ses températures estivales !!!
Le glacier tombe dans la mer
et la parsème de blocs sculptés par le vent, et l’on navigue dans cette
ambiance avec prudence car certains pourraient abimer l’hélice voire la coque.
Des cormorans nous survolent de près, c’est qu’on arrive au pied de leur colonie.
Les petits ont grandi depuis l’estero la Montañas, mais ils restent quand même
des êtres fragiles (vas-y BB !!) et un vrai vautour se régale de viscères
devant nos yeux et ceux du petit frère qui du coup, s’est éloigné du nid et
attend sagement en espérant qu’un seul petit suffise à combler la faim du
squatter …
Après cette halte
magnifique, un petit bout plein Ouest nous attend : le Canal Cockburn et
la sortie sur le Pacifique. Le Mont Sarmiento se dévoile dans notre dos, des
bancs de petites écrevisses orange mettent de la couleur dans l’eau, et nous
atteignons l’Océan avec un vent d’Est, c’est rare et nous en profitons :
passée la grosse houle du Pacifique, on fête ça avec quelques rhums bien
fuerte, et l’amarrage dans la caleta Brecknot devient assez comique :
Gabriel nous fait d’abord un jeté-glissé-sauté
et atterri heureusement et sans mal dans le dinguy plutôt que dans les eaux
glacées … Il faut dire que la marée est basse, la branche de l’arbre haute et
la roche bien glissante …
Kelig bat le record de
vitesse, pour accrocher l’autre amarre … 20 min, et invente un nouveau concept
de nœuds de chaise, qui tiendra heureusement !
Le lendemain, à nouveau
frais comme des merlus, on se fait une belle balade entre deux averses, avec
toujours des vues magnifiques sur cette côte découpée, ces gammes de verts
mouillés qui brillent, et le Corco, bien amarrés dans cet écrin d’eau, de végétation
et de roche.
Nous descendons encore sud, en route vers le canal Beagle. Bahia Desolada, canal Ballanero. On mouille dans une caleta sur l’isla del Medio, déjà occupé par un bateau de pêcheurs. Mais il y a de la place, et on s’endort tranquillement. 5 heures du mat, un gros coup sur la coque … oh non … il va falloir sortir de sous les couvertures, s’habiller, se geler les mains sur les bouts froids et mouillés, … mais non, pour nous, tout va bien, c’est le bateau de pêche qui a bougé et vient taper contre notre coque … en jouant sur la longueur de nos amarres, on s’éloigne d’eux histoire de « finir » notre nuit sans stress !
Nous sommes dans le bras
nord-ouest du canal Beagle, et l’on visite :
Seno Ventisquero au nord,
avec ses trois magnifiques glaciers, ses eaux parsemés d’iceberg, et la visite
d’un joli petit renard sur la plage, qui s’approche à quelques mètres de Leila,
pendant sa récré qu’elle passe, seule, sur le rivage, en pleine création
LandArt !
Caleta Cinco Estrellas,
dans la bahia Tres Brazos, un écrin de vert, de roche et de cascades passé un étroit goulet… mais la pluie et le
froid sont toujours au rendez-vous, et c’est bien abrité dans le Corco, les
vitres embuées que l’on essaye de profiter de ces magnifiques paysages …
Seno Pia, son entrée toute
étroite, ses glaciers qui arrivent de toute part, et une belle éclaircie qui
nous laisse le temps de faire une bonne grimpée pour admirer le paysage. Ici
les pins parasols sont des pins parapluies ….
Les deux bras du Beagle se rejoignent. Nous sommes dans les 55° sud, les températures sont vraiment basses et les sommets se poudrent de neige chaque matin plus près de nous et du niveau de la mer …
Ushuaïa et Puerto William ne sont plus qu’à quelques dizaines de milles, les papiers du bateau ne sont en ordre que jusqu’au 19 février, et nous n’avons pas déclaré Kelig ... alors, vu que nous avons tous besoin (et on en rêve) d’une bonne douche chaude après ces trois semaines de chaussettes mouillées, on se fait une grosse journée de navigation, avec toujours ce vent arrière soutenu que l’on capte les voiles en ciseaux … A nous Puerto William, et les problèmes administratifs ???
Salut les amis
RépondreSupprimerheureuse que tout se passe bien, avec les imprévus sympatoches qui font partie du voyage ;-) à terre la vie est plus lisse, mais avec des changements en route
Plein de pensées et un peu d'air chaud ...
Bises, Gaëlle