mercredi 20 février 2013

Puerto Natales – Puerto William

15 février, ou ce qui correspond coté hémisphère nord à notre 15 aout: 7° dans la cabine, 5° dehors, et il est quand même 9h du matin: ah … l’été austral !! Seul les descendants d'québécois s'y risqueraient en culotte !

Depuis Puerto Natales, les jours s’écoulent comme la pluie et les cascades qui tranchent la roche de toute part. Heureusement, on parcourt tous ces magnifiques coins du bout du monde le vent dans le dos, et le Corcovado avance bien, les voiles en ciseaux et le capitaine fier de sa monture !
Depuis Puerto Natales à Puerto William, quelques 500 miles entrecoupés de mouillages tous uniques, avec quelques petites anecdotes:
Puerto Profundo à l’entrée du canal Magellan où des pêcheurs nous jettent sur le pont en pleine navigation, trois beaux merlus, contre six bières !

Au mouillage sur l’Isla Tamar, on se réveille en pleine nuit car notre ancre ne tient pas, et on veillera jusqu’à l’aube pour lever le camp et s’enfiler dans le Magellan. Ambiance magique, chargée d’histoire et hostile avec une grosse houle et des vents de 30 nœuds par l’arrière, un ciel qui touche la mer, métallique, entre l’écume des vagues qui déferlent ….  près de 500 ans ont passés depuis que Magellan l’a « découvert » !
Dans la caleta Notch, sur les rives du Magellan, les vents se déchainent en pleine nuit, le Corcovado se bat, évite, bien tenu par des amarres à terre, mais une rafale retourne notre dinguy comme une crêpe, moteur dans l’eau, et matos au fond de l’eau … et on ne s’en apercevra qu’au petit matin.
On continue la descente dans le canal Magellan : canal Tortuoso, bahia Mussel sur l’île Carlos Tres où l’on ne désespère pas de voir des baleines … Notre machine-à-envoyer-des–mails-via-la-radio nous lâche définitivement après plusieurs jours de pétouillage. Alors, pour éviter à nos chers familles et amis de longues nuits d’insomnies voire des ulcères d’estomac, nous nous déroutons vers Punta Arenas pour faire passer l’info.
Mouillage à Bahia Mansa, à quelques encablures de Puerto del Hambre, le tristement célèbre campement où le royaume d’Espagne a voulu y fonder une ville. Sous le commandement de l’amiral Sarmiento de Gamboa, 25 navires quittèrent l’Espagne en 1581, avec à leur bord des milliers de gens représentant tous les corps de métier et un royaume en kit (dixit J.Raspail dans Adios, Tierra del Fuego).
Après un voyage de plus de 2 ans qui compta des désertions, mutineries, rivalités, tempêtes, rendez-vous manqués, abandons, trahisons, retards, fortunes de mer, c’est seulement 5 navires qui jetèrent l’ancre dans le détroit de Magellan, et y débarquèrent cinq cent colons, parmi lesquels trente femmes et vingt-trois enfants. Trois ans après, il ne restera qu’un seul survivant, tous seront morts de faim, mangés aussi par le froid, l’humidité, le désespoir, la folie.
Après une journée à Punta Arenas que nous atteignons en stop car le mouillage est à quelques 70 km (mais l’autostop, ça va beaucoup plus vite que la voile !!), on remet le cap plein sud direction le canal Magdalena. On mouille dans le Seno Chico, avec une session pêche aux glaçons ! Rien de tel qu’un petit Iceberg dans son verre de blanc, par ses températures estivales !!!

Le glacier tombe dans la mer et la parsème de blocs sculptés par le vent, et l’on navigue dans cette ambiance avec prudence car certains pourraient abimer l’hélice voire la coque. Des cormorans nous survolent de près, c’est qu’on arrive au pied de leur colonie. Les petits ont grandi depuis l’estero la Montañas, mais ils restent quand même des êtres fragiles (vas-y BB !!) et un vrai vautour se régale de viscères devant nos yeux et ceux du petit frère qui du coup, s’est éloigné du nid et attend sagement en espérant qu’un seul petit suffise à combler la faim du squatter …
Après cette halte magnifique, un petit bout plein Ouest nous attend : le Canal Cockburn et la sortie sur le Pacifique. Le Mont Sarmiento se dévoile dans notre dos, des bancs de petites écrevisses orange mettent de la couleur dans l’eau, et nous atteignons l’Océan avec un vent d’Est, c’est rare et nous en profitons : passée la grosse houle du Pacifique, on fête ça avec quelques rhums bien fuerte, et l’amarrage dans la caleta Brecknot devient assez comique : Gabriel nous fait d’abord un  jeté-glissé-sauté et atterri heureusement et sans mal dans le dinguy plutôt que dans les eaux glacées … Il faut dire que la marée est basse, la branche de l’arbre haute et la roche bien glissante …
Kelig bat le record de vitesse, pour accrocher l’autre amarre … 20 min, et invente un nouveau concept de nœuds de chaise, qui tiendra heureusement !
Le lendemain, à nouveau frais comme des merlus, on se fait une belle balade entre deux averses, avec toujours des vues magnifiques sur cette côte découpée, ces gammes de verts mouillés qui brillent, et le Corco, bien amarrés dans cet écrin d’eau, de végétation et de roche.


Nous descendons encore sud, en route vers le canal Beagle. Bahia Desolada, canal Ballanero. On mouille dans une caleta sur l’isla del Medio, déjà occupé par un bateau de pêcheurs. Mais il y a de la place, et on s’endort tranquillement. 5 heures du mat, un gros coup sur la coque … oh non … il va falloir sortir de sous les couvertures, s’habiller, se geler les mains sur les bouts froids et mouillés,  …  mais non, pour nous, tout va bien, c’est le bateau de pêche qui a bougé et vient taper contre notre coque … en jouant sur la longueur de nos amarres, on s’éloigne d’eux histoire de « finir » notre nuit sans stress !
Nous sommes dans le bras nord-ouest du canal Beagle, et l’on visite :
Seno Ventisquero au nord, avec ses trois magnifiques glaciers, ses eaux parsemés d’iceberg, et la visite d’un joli petit renard sur la plage, qui s’approche à quelques mètres de Leila, pendant sa récré qu’elle passe, seule, sur le rivage, en pleine création LandArt !
Caleta Cinco Estrellas, dans la bahia Tres Brazos, un écrin de vert, de roche et de cascades  passé un étroit goulet… mais la pluie et le froid sont toujours au rendez-vous, et c’est bien abrité dans le Corco, les vitres embuées que l’on essaye de profiter de ces magnifiques paysages …
Seno Pia, son entrée toute étroite, ses glaciers qui arrivent de toute part, et une belle éclaircie qui nous laisse le temps de faire une bonne grimpée pour admirer le paysage. Ici les pins parasols sont des pins parapluies …. 






Les deux bras du Beagle se rejoignent. Nous sommes dans les 55° sud, les températures sont vraiment basses et les sommets se poudrent de neige chaque matin plus près de nous et du niveau de la mer …

Ushuaïa et Puerto William ne sont plus qu’à quelques dizaines de milles, les papiers du bateau ne sont en ordre que jusqu’au 19 février, et nous n’avons pas déclaré Kelig ... alors, vu que nous avons tous besoin (et on en rêve) d’une bonne douche chaude après ces trois semaines de chaussettes mouillées, on se fait une grosse journée de navigation, avec toujours ce vent arrière soutenu que l’on capte les voiles en ciseaux …  A nous Puerto William, et les problèmes administratifs ???

vendredi 8 février 2013

Petit détour imprévu

Non ce n'est pas le Corcovado
Ce vendredi 8 février, nous voici à Punta Arenas .... oui, un petit détour imprévu car notre modem pour envoyer des mails depuis la radio est en panne, nous empêchant de tranquiliser famille et amis via nos messages réguliers !
Du coup, on oriente notre route vers le nord, et nous rejoignons Port la Famine, petite baie située à 60 km au sud de Punta Arenas, mais desservie non loin de là, par la route vers la civilisation.
En 30 min de marche et un peu d'auto-stop, nous voilà tous à l'abri de la pluie, au chaud dans un petit café Wifi de Punta Arenas ! Alors, avis à tous, il nous sera peut être impossible d'envoyer et de recevoir des mails jusqu'à notre arrivée à Puerto William, d'ici normalement 3 semaines à 1 mois. Question sécurité, on devrait trouver ici de quoi recharger notre téléphone satellite qui ne nous a jamais servi jusque là ...